L’athlète qui participait lundi au 3 000 m steeple s’en voulait d’avoir raté le coche quand le bon coup est parti.
Vous venez de participer à votre première course olympique. Quel est votre sentiment ?
Ruben Querinjean : Je suis très content. C’est exceptionnel. C’était la première fois et j’ai essayé d’en profiter un maximum. Je suis content d’avoir été là. En revanche, au niveau de la course, je suis plus mitigé.
Pour quelle raison ?
On avait étudié plusieurs scénarios. Et on savait qu’en 3 000 m steeple, à un moment il y a une cassure. J’étais vraiment prêt à ça. Je ne l’ai pas vu venir. Le rythme était vraiment lent, alors je me suis mis en mode « ah, c’est vraiment lent« . Et après 1 000 m, ça a accéléré. Et comme un con, je ne l’ai pas vu. J’aurais dû faire plus attention. Si j’avais été dans le coup, je n’aurais pas été plus mal. J’ai fait 8’18« il y a un mois, je me suis bien entraîné mais pas trop. Il n’y a aucune raison que je sois moins fort aujourd’hui.
J’aurais aimé être dans le coup. Au vu de mon record, j’aurais pu l’être. Ce sera pour la prochaine fois. Maintenant, je n’ai pas envie d’être trop sévère avec moi. Je ne suis pas déçu. Mais c’est le côté sportif qui prend le dessus. Je vois mon erreur, je sais qu’il ne faut pas la faire la prochaine fois.
La finale, c’était jouable ?
En steeple, tout est jouable. Je dirais que pour n’importe qui, c’est possible. Ça se gagne en 8’17« , il suffisait d’être dans le coup et d’assumer jusqu’au bout.
On avait l’impression que vous étiez de plus en plus à l’aise au fil des tours. C’était une impression ?
Je pense qu’au début, le rythme était tellement lent que ce n’était pas un problème de prendre appui avec le pied pour franchir les haies. Je me suis dit que pour économiser de l’énergie, ce n’était pas con. Mais peut-être qu’à cause de cela, je me suis endormi dans mon allure. Je me suis dit : « Je suis facile, je suis facile« …
Et finalement, par la suite, vous avez fait le reste de la course tout seul ?
Je ne pensais pas que l’Américain à côté de moi n’allait pas suivre, car il est plus fort que moi normalement. Et je n’avait pas envie de regarder derrière moi.
Que pouvez-vous nous dire de cette expérience olympique ?
C’est la meilleure de ma vie. Après, ça me fait une course en peloton en championnat en plus. Je n’en ai pas vécu beaucoup. Rome et ici, sinon ce ne sont que des courses rapides. Là, c’était lent, puis rapide. Et puis il fallait gérer le stress. Pas évident d’entrer alors qu’Armand Duplantis fait son apparition ou qu’il y a un Français dans une série. Ça fait quelque chose au cœur.
Au final, quel est la sensation qui prime ?
La fierté. Je suis très content d’avoir fait ça. En fait, j’avais déjà tout gagné en arrivant ici. Après, je n’ai pas de regret. C’est juste une constatation de ce qui est améliorable. Je suis ultra-heureux. Et également que ma saison se termine. Mentalement, ce n’était pas évident.
Je veux revivre cette expérience
La suite ?
Des vacances. J’en ai besoin. Et ensuite les cross. C’est quelque chose qui me manque vraiment et dans lequel je prends énormément de plaisir. Et cet hiver, je m’entraînerai aussi au passage de haies, qui reste toujours aussi bancal.
Los Angeles, vous y pensez ?
Clairement, c’est dans ma tête! Après avoir passé la ligne d’arrivée, j’ai regardé cet immense stade. C’était quelque chose d’exceptionnel. Et je veux revivre cette expérience. Mais pas avec les mêmes cartes en main. Avec des meilleures cartes.