Accueil | Grande Région | Walygator vendu à un géant espagnol des parcs de loisirs

Walygator vendu à un géant espagnol des parcs de loisirs


Elle se dit fatiguée. Jacqueline Lejeune, 70 ans, vient de céder ses parts. (photo Gilles Wirtz / RL)

Le parc Walygator arrive dans l’escarcelle de CLP, une filiale luxembourgeoise d’Aspro-Parks, géant des parcs de loisirs basé à Madrid. C’est avec le sentiment du devoir accompli –les finances du parc sont de nouveau dans le vert– que Jacqueline Lejeune passe la main.

« J’ai signé à 10h30», révèle Jacqueline Lejeune. La directrice générale de Walygator (Olipark) a cédé, vendredi, ses parts dans le capital du parc d’attractions de Maizières-lès-Metz à CLP, l’acronyme de Continental Leisure Project. La direction du site que l’entrepreneuse partageait avec Franck Deglin est désormais entre les mains de la société luxembourgeoise, elle-même filiale de l’Espagnol Aspro Parks, pour un montant tenu secret.

La discrétion a prévalu dans cette transaction dont les contours auraient commencé à se dessiner à l’automne. Deux autres prétendants, le Français Looping et le Studio 100, s’étaient montrés intéressés, « mais c’est avec CLP que ça passait le mieux », a indiqué Jacqueline Lejeune.

De bons chiffres

L’acquéreur connaît le site mosellan. Aspro était déjà dans la boucle en 2013 lorsque le parc, en redressement judiciaire, sort du giron de Claude et Didier Le Douarin, ses précédents propriétaires. Un dirigeant de l’investisseur madrilène est venu jeter un œil en janvier 2013 sur les installations avant d’être découragé par des problèmes d’assurance, de maintenance et le volume de la dette. Pourtant, Walygator a en réalité été repris sans son passif (évalué à l’époque entre neuf et douze millions d’euros) par Jacqueline Lejeune et ses associés, Franck Deglin et François-Jérôme Parent.

Pourquoi l’entrepreneuse se sépare-telle de son affaire? « La première raison c’est l’âge. Je ne tiens pas à venir avec un déambulateur », plaisante Jacqueline Lejeune, qui a soufflé soixante-dix bougies. « Je n’ai pas vu passer les deux premières années (NDLR : elle reprend l’affaire en 2013)», observe la chef d’entreprise connue pour son franc-parler. Mais 2015 a été physiquement plus difficile. Elle se dit fatiguée.

Ensuite, son objectif visait à redresser l’affaire. Elle investit entre trois et 3,5 millions d’euros à titre personnel pour relancer la machine qui parvient à s’autofinancer à hauteur de 6,5 à sept millions d’euros, selon la désormais ex-directrice générale.

Walygator est bénéficiaire dès la seconde année de l’ère Lejeune. « Et cette année, il l’est encore. » De deux millions d’euros à la fin août a compté la septuagénaire. Un chiffre à tempérer, « parce qu’on ne tourne pas l’hiver », rappelle Jacqueline Lejeune ,qui ferme les portes à Halloween sur une dernière grande fête. L’édition 2015 s’est terminée sur de très bons chiffres avec 41 000 visiteurs dans les quatre derniers jours de la saison, dont 25 000 sur le seul jour de la fête des sorcières et des citrouilles.

Calculée à 380 000 personnes au moment de la reprise, la fréquentation annuelle nécessaire à la rentabilité est en moyenne supérieure à ce chiffre et oscille autour d’une moyenne supérieure à 400 000 visiteurs, 420 000 en 2015. C’est moins bien qu’en 2014 (440 000), mais le panier moyen a augmenté de 13 %. Une courbe intéressante pour le chiffre d’affaires. Mais elle n’est plus le souci du team Lejeune qui néanmoins ne quitte pas brutalement le parc. « Nous avons travaillé comme si c’était nous », dit Jacqueline Lejeune à propos de la prochaine ouverture du 2 avril 2016. Le « nous » ne sera pas loin « pour accompagner la nouvelle équipe dirigeante ».

Frédérique Clausse (Le Républicain lorrain)

Nouveau propriétaire, nouveaux investissements

Walygator est de deux ans plus vieux que son actuel propriétaire. Né en 1989 sur une friche industrielle, le parc est déclaré à l’état civil sous le nom de Big Bang Schtroumpf. Son histoire va amener à raturer plusieurs fois le livret de famille.

Deux ans après son premier cri il, s’appelle Walibi Schtroumpf en prenant le nom de famille de son «père» belge qui, en 1998, s’efface au profit de l’Américain Premier Parks, qui précède lui-même les Français Claude et Didier Le Douarin en 2007, où le croco prend son identité actuelle conservée par l’équipe Lejeune-Degin-Parent.

Aucune information n’indique qu’Aspro-Parks, son big boss espagnol change le nom du petit saurien qu’il vient de s’acheter via sa filiale luxembourgeoise Continental Leisure Project (CLP). La même qui, à la fin du mois de janvier 2015, a vu son portefeuille s’épaissir d’un autre parc  :  Walibi Sud Ouest, installé à Roquefort (France) et que lui a cédé la Compagnie des Alpes en plus de son parc Dolfinarium implanté aux Pays-Bas.

Si aucun chiffre n’est donné pour le rachat de Walygator, CLP a sorti 37,5  millions d’euros pour ses deux acquisitions.

De l’argent, le nouveau propriétaire va en injecter aussi dans son nouvel équipement mosellan. Il se dit

que les investissements sont estimés entre un et deux millions d’euros. Les visiteurs devraient constater un air différent avec de nouveaux spectacles et la remise en route du Wooden Coaster Anaconda dont les réparations coûteraient à elles seules 700  000  euros.