La saison 2025 du parc Walygator, à Maizières-lès-Metz, s’est achevée le 2 novembre. Pour la quatrième année consécutive – un record -, la direction a dégagé des bénéfices malgré une fréquentation en repli de près de 15 %. Dix ans après la reprise du parc par le groupe Aspro, faut-il voir le verre à moitié vide ou à moitié plein ?
Le silence est retombé dans les allées désormais désertes de Walygator Grand Est. Fermé depuis le 2 novembre, le parc d’attractions de Maizières-lès-Metz est entré dans une période d’hibernation propice au grand nettoyage, à la maintenance générale et aux aménagements. «C’est la saison la plus importante à mes yeux», glisse Romain Seigneuret, le responsable d’exploitation du parc.
Nommé directeur début 2024, le Messin a été choisi par le groupe Aspro Parks, l’actionnaire, pour remettre à flot le parc à thème inauguré en 1989. L’homme ne cache pas ses ambitions. L’objectif est de renouer avec la fréquentation observée il y a quinze ans : «Notre volonté, c’est d’arriver à 350 000, 400 000, 500 000 entrées par an», assure-t-il. En a-t-il seulement les moyens ?
Absence de nouvelles attractions
Avec 235 000 visiteurs payants cette année, le parc accuse une baisse de près de 15 % par rapport à l’année dernière (275 000 entrées en 2024, selon les chiffres communiqués par la Région Grand Est), en partie due «à la météo et au climat social». Loin, très loin des 491 000 entrées comptabilisées en 2011 et à des années-lumière d’un autre parc de sa dimension, Nigloland (Aube), qui a enregistré… 710 000 visiteurs en 2025. Walygator ne joue pas dans la même cour.
Contrairement à son voisin, l’instabilité à la tête du site (six actionnaires depuis son ouverture) n’a pas favorisé l’émergence d’une stratégie claire. L’absence de nouvelles attractions (la dernière remonte à dix ans) ne plaide pas non plus en sa faveur. «Je comprends la frustration des fans, mais nous sommes Walygator, nous ne sommes pas la Compagnie des Alpes (propriétaire du Parc Astérix et du Futuroscope, entre autres). Allons-y par étapes», veut convaincre le directeur.
Les comptes dans le vert
Le parc a des atouts. Sa situation géographique au carrefour de l’Europe. La présence d’un coaster (montagnes russes) réputé, le Monster. Et sa bonne santé financière. Malgré la baisse de la fréquentation, le chiffre d’affaires était en hausse en 2024 (9,04 millions d’euros) et le parc sera bénéficiaire (environ 700 000 euros) à la clôture de l’exercice 2025, pour la quatrième année consécutive. C’est inédit depuis dix ans. «Bien sûr qu’on aimerait plus de nouveautés, mais le parc est là alors qu’il était au bord de la faillite en 2012. La situation financière n’a jamais été aussi bonne, on est bénéficiaires depuis quatre ans et on n’est pas endettés (les comptes laissaient apparaître une ligne d’emprunt de 700 000 euros, en 2024, NDLR). »
Reste une interrogation : Aspro Parks a-t-il des ambitions pour Walygator ? Le groupe espagnol est propriétaire de plusieurs dizaines de parcs en Europe, en grande majorité aquatiques (Aqualand) et zoologiques. Ses parcs d’attractions n’ont qu’une dimension locale et l’un d’eux, Oakwood Theme Park au pays de Galles, a fermé ses portes au début de l’année. «Ces deux prochaines années vont être déterminantes. Elles vont nous dire si l’on peut viser plus haut que le marché local», souffle le directeur. Viser plus haut sans se brûler les ailes.
Un nouveau coaster familial en 2026 ou 2027
«Lorsqu’Aspro est arrivé, le parc était vieillissant. Il a fallu l’entretenir, investir dans la rénovation. Ça, le public ne le voit pas, mais ce sont 500 000 euros par an», explique Romain Seigneuret. Petit à petit, le parc change d’allure. La nouvelle zone des pirates, qui était tombée en désuétude il y a trois ans, a été remise à neuf cette année. Tout comme la zone 1900, près de la fameuse attraction des tasses.
Dans les parcs d’attractions, la tendance est à l’immersion. Il faut raconter une histoire. «Il faut que l’on améliore tout ça, c’est vrai. J’aimerais que notre personnel joue un vrai rôle là-dedans», confie le directeur. Des thématisations plus poussées sont amenées à fleurir dans le parc. Cela a déjà commencé autour du coaster The Monster. «Il y a eu de gros efforts sur la thématisation depuis 2022.»
L’autre nouveauté, prévue au plus tard en 2027, c’est l’ajout d’un petit coaster familial à la place du Walynosaure, présent depuis l’ouverture du parc en 1989. Cette nouveauté n’en est pas vraiment une puisque l’attraction provient du parc Oakwood Theme Park. «Certes, mais le Monster venait aussi du Japon», rétorque Romain Seigneuret.
Et pour la suite ? «On aimerait développer une zone indoor à la place de l’ancienne salle de spectacle», assure le directeur. Rien n’est encore ficelé. À plus long terme, l’exploitant a des projets : développer une offre d’hébergement, étendre le parc (il reste quarante hectares libres à l’arrière). «On a une carte à jouer, c’est sûr, mais c’est bien trop tôt pour en parler.»