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Voitures imaginaires : l’escroc avait fait d’autres victimes dans le Pays-Haut


Laëtitia a éprouvé un sentiment de «déjà lu» en lisant l'article consacré à l'arnaque dont furent victimes cinq habitants du Jarnisy fin 2016. (photo Réné Bych / RL)

L’escroc qui était parvenu à soutirer 30 000 euros en liquide à cinq Jarnysiens a fait d’autres victimes. En mars 2016, sept habitants du Pays-Haut lui ont passé commande pour des véhicules (imaginaires) saisis par les douanes.

« Nous aussi, nous nous sommes fait avoir par Maurice. » À l’autre bout du téléphone, la voix résignée de Laëtitia. Avec son époux Marc, cette habitante d’Hussigny-Godbrange s’est fait rouler par celui qui aime se faire appeler «Mauricio». Dans un article en date du jeudi 22  juin, Le Républicain lorrain relatait l’invraisemblable escroquerie dont furent victimes cinq habitants du Jarnisy.

Appâtés par ce soi-disant intermédiaire jouissant de supposées connexions à la douane d’Anvers, ces retraités avaient cédé à son pouvoir de persuasion en lui remettant la somme de 30  000  euros en décembre dernier. L’escroc leur promettait la livraison, sous six semaines, de petites citadines italiennes et d’un fourgon neuf à des prix sacrifiés  : « Ce sont des voitures de douanes promises à la destruction. J’arrive à les faire sortir avant, il faut juste me payer en cash. » La mécanique bien huilée avait eu raison des doutes des Jarnysiens.

« Il nous a tenu exactement le même discours, se désole Laëtitia, employée au Luxembourg. Enfin, à ceci près que le prix de la Fiat 500 n’était pas de 3  490 euros mais de 2  000  euros pour nous. » Maigre consolation. La trentenaire se remémore le point de départ de sa mésaventure, qui remonte à mars 2016  : « C’est mon compagnon qui m’a parlé de cette opportunité. J’ai tout de suite pensé que ce n’était pas clair. Mais l’effet de groupe et le sentiment de réaliser une bonne affaire… »

Marc, le compagnon, a fait confiance à un ami œuvrant au Luxembourg  : « Il m’a dit que ce Maurice était l’une de ses connaissances. Et qu’il n’y avait aucun risque. Alors… »

Alors il a passé commande, « tout comme cinq collègues ». Une Fiat (imaginaire) pour chacun et même une Golf 7. Montant du versement remis au sexagénaire  : « Dans les 20  000 euros. »

Emprisonné au Luxembourg

La suite? Du déjà-vu  : « On a signé un contrat, enfin une feuille où apparaît une photocopie de sa carte d’identité. Le contrat prévoyait d’ailleurs un dédommagement de 10  % si la voiture n’était pas livrée dans les délais. » Bien entendu, l’attente a dépassé les six semaines initialement prévues. Aux problèmes de livraisons se seraient greffées des difficultés pour obtenir la délivrance des cartes grises  : « Au bout de plusieurs mois, il a même osé nous demander un supplément de 500 euros pour régler ces désagréments administratifs! », ne décolère pas cette jeune mère de famille.

Endurantes, les sept nouvelles victimes ont gardé le contact («souvent houleux!») avec le «négociant» jusqu’au… 1 er avril de cette année. Oui, le 1 er avril, le jour même où les appels de nos Jarnysiens s’échouaient sur la messagerie de Maurice. Et visiblement, ce silence ne relevait pas de la mauvaise «blague»… « Il était en prison à Metz puis a été transféré au Luxembourg où il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt », certifie Laëtitia. Ces informations sur le cheminement (prévisible) de la carrière «professionnelle» de Mauricio, elle les a glanées auprès de la gendarmerie d’Audun-le-Tiche en mai dernier  : « Les gendarmes nous ont dit de nous rendre au commissariat d’Esch-sur-Alzette puisqu’il était emprisonné au Grand-Duché. Nous y avons déposé plainte. »

Motif de son incarcération? « Escroquerie! » D’après les informations du Républicain lorrain , le sexagénaire –  qui a visiblement fait du Pays-Haut son terrain de chasse préférentiel  – aurait, depuis, retrouvé sa liberté. Insaisissable, Maurice nous confiait, lors d’un échange téléphonique en décembre dernier  : « Vous savez, M. Cavalli, je ne tiens pas en place. Je passe quotidiennement les frontières pour mes affaires. » Sur ce point, il ne mentait pas. « Un Range Rover neuf à 17  000 euros, ça vous tente? »

Jean-Michel Cavalli (Le Républicain lorrain)