Les Ardennes ce jeudi et les Vosges vendredi. Visite sur le thème de l’industrie pour François Hollande. Un secteur qui n’a cessé de perdre des emplois ces dix dernières années. Ce qui ne signifie pas qu’il n’y a pas d’espoir.
En Lorraine, l’industrie continue à détruire des emplois : 34 500 ces dix dernières années, soit 23,5 % des emplois industriels de Lorraine. Près de 80 000 dans le Grand Est. Douloureux.
Pour autant, l’industrie demeure, le Grand Est est toujours la deuxième région industrielle de France avec une balance à l’export largement positive. Les entreprises qui recrutent se plaignent même de ne pas trouver les profils adéquats. Tout le paradoxe d’un secteur, non pas en évolution mais en révolution. Une marche en avant si profonde que beaucoup prédisent encore du grabuge.
« Regardez le secteur automobile, avertit Patrick Tassin, le président du Ceser (Conseil économique social et environnemental). S’il s’oriente demain vers le véhicule électrique, composants et matériaux seront radicalement différents. »
En ces terres de production et de sous-traitance automobile, un secteur qui a repris de nettes couleurs cette dernière année, il va falloir anticiper.
La fonderie de PSA Peugeot-Citroën à Charleville-Mézières, premier employeur privé de la région champardenaise, fabrique des culasses. « Or, point de culasses dans le véhicule électrique », prévient Tassin.
En Moselle, le pôle PSA Trémery-Metz est spécialisé dans les moteurs diesel. Le combat des syndicats est de ramener à Metz la fabrication de boîtes de vitesses automatiques en prévision des véhicules autonomes. Pas gagné.
Tout est à l’avenant. La fabrication additive met sens dessus dessous les fonderies. Poudre de titane, d’ailleurs élaborée dans le nouveau laboratoire Metafensch à Uckange, imprimante 3D et autres innovations risquent demain de rendre obsolètes les procédés d’usinage.
Réorganisation
Ne pas fermer les yeux comme l’industrie lorraine l’a trop longtemps fait après la chute de sa sidérurgie, de ses mines ou de son industrie textile. « Il faut une réflexion transversale, prévoir les évolutions possibles. Nous ne sommes pas en avance. »
La réorganisation autour de la filière matériaux, – plateformes technologiques permettant aux PMI-PME de monter en gamme et de développer de nouveaux procédés, cluster fabrication additive à Charleville-Mézières, laboratoires de recherche –, cherche encore à porter ses fruits. La plasturgie est en mutation. L’impression 3D vient tout bouleverser et d’autres matériaux, « de types biosourcés » doivent être développés, conseille encore Patrick Tassin. Les PME-PMI qui s’en sortent sont positionnées sur des marchés de niche à haute valeur ajoutée et l’opération Usine du futur encouragée par la Région veut renforcer cette indispensable montée en gamme.
Car rien n’est perdu. Depuis la crise, depuis la volonté politique de miser sur un écosystème innovant, on sent une volonté entrepreneuriale nouvelle. Les jeunes n’ont pas peur de se lancer. Et surprennent. On voit émerger le numérique, biotech et medtech. Rien qui compense les destructions d’emplois, mais on sent un souffle nouveau pour tordre le cou à la mort annoncée de l’industrie.