Depuis 2008, onze patients ont dénoncé des faits de violences sexuelles commis, en Moselle, par leur praticien. Un protocole facilitant la communication entre le Conseil de l’ordre départemental des masseurs-kinésithérapeutes et l’autorité judiciaire a été signé, ce lundi 11 mars, à Metz.
Depuis 2008, en Moselle, sur les 324 affaires que le Conseil de l’ordre départemental des masseurs-kinésithérapeutes a eues à traiter, onze concernaient des violences sexuelles, soit 3 %. « C’est peu, mais c’est trop », estime le président de l’ordre de Moselle, Jean-Baptiste Del Torchio.
« Il est indispensable que nos cabinets soient un sanctuaire où nos patients se sentent en confiance et en sécurité », insiste-t-il, car si « la majorité de nos confrères sont irréprochables, une minorité jette le discrédit sur notre profession par leur perversité et leur capacité à profiter de personnes vulnérables ».
Un « Tour de France »
Depuis 2014, la présidente du Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes, Pascale Mathieu, mène une lutte active contre les violences sexuelles dont peuvent être victimes les patients. « En 2023, sur 187 affaires jugées par la Chambre disciplinaire nationale, trente-quatre concernaient des violences sexuelles, soit 18 % », rapporte-t-elle.
La présidente fait actuellement le « Tour de France » pour faire signer un protocole de transmission des signalements d’infractions sexuelles au parquet à la suite des dénonciations reçues par le conseil national et les conseils départementaux de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes.
Pas de pouvoir d’enquête pour l’ordre
« Lorsque nous recevons des signalements, nous sommes souvent fort démunis », admet la présidente. « De même lorsque nous devons statuer en l’attente d’un jugement pénal », ajoute-t-elle. Un protocole devrait faciliter la communication dans les deux sens entre l’institution judiciaire et l’ordre qui, lui, ne dispose pas de pouvoir d’enquête. « Le pouvoir d’enquête de l’ordre judiciaire peut nous permettre de mettre un terme à la carrière des professionnels mis en cause », explique Pascale Mathieu.
Ce lundi 11 mars, c’est à Metz qu’elle a fait étape, en présence du procureur général de Metz, François Perain, et des procureurs de la République de Metz, Yves Badorc, de Thionville, Brice Partouche, et de Sarreguemines, Olivier Glady. « Rares sont les ordres qui ont entamé une telle démarche », a salué François Perain.