Un Villeruptien de 26 ans a été condamné à trois ans de prison ferme, jeudi, au tribunal de Briey. Selon les experts, Johan Clemann est une personnalité «inquiétante», avec des tendances «schizophrènes».
Le docteur qui vous a entendu évoque une attirance pour la violence et indique que vous en tirez plaisir. Si je résume, vous réagissez de manière impulsive dès que l’on vous dit non ou que l’on s’oppose à vos désirs? », interroge le président Thierry Grandame. « Non. Lorsque je suis arrivé au centre pénitentiaire, j’ai pleuré. »
Jeudi, pourtant, aucune larme n’a glissé sur les joues de Johan Clemann. Pas même à l’énoncé de la peine décidée par le tribunal de Briey : quatre ans de prison, dont un an avec sursis et mise à l’épreuve pendant trois ans. En outre, cet homme a désormais l’interdiction d’entrer en contact avec sa victime… sa propre mère.
À la barre, comme voûtée par le poids du chagrin, celle-ci a livré le récit poignant du calvaire quotidien que lui imposait son fils, âgé de 26 ans. « Il venait dans ma chambre la nuit, soulevait mon lit pendant que je dormais. Il me versait de l’eau sur la tête. Je n’en peux plus, je suis en danger depuis qu’il a quitté le foyer pour revenir à la maison, en 2007. »
La malveillance du prévenu ne s’est pas arrêtée là. En septembre 2015, il avait déjà été condamné à Briey pour des faits de violence, toujours sur sa mère. Une peine assortie du sursis qui ne l’a pas empêché de remettre le couvert, le 29 mars dernier, à Villerupt.
«À l’abri des regards»
« Ce soir-là, je suis partie de l’appartement. Il venait de me mettre des coups. Il m’a rattrapée dans la rue, m’a arraché mon sac », sanglote la victime. La scène n’échappe pas à un passant qui neutralisera l’agresseur jusqu’à l’arrivée des policiers. « Non, il ne m’a pas tapée dans la rue, c’est toujours à l’abri des regards. Monsieur le président, mon fils est un malade violent. »
Incarcéré depuis ce nouveau dérapage, Johan Clemann est dépeint comme une personnalité « inquiétante, à la construction instable, chaotique », avec des tendances « schizophrènes ».
Lui impute son comportement à son quotidien : pas de travail, hormis en intérim, pas de copine, pas de relations sociales. Et ce traitement médical qui lui avait été prescrit pour des soucis d’ordre psychiatriques? « Je ne le prenais pas tout le temps. Des fois, j’étais bien. » Des fois, moins.
Le ministère public a réclamé 18 mois dont 9 avec sursis et mise à l’épreuve pendant trois ans. « Dans son discours, monsieur est une victime. » Pas aux yeux du tribunal qui est donc allé bien au-delà des réquisitions de Sophie Martin-Bahuon. Johan Clemann est reparti en prison. Pour sa maman, la fin d’un long calvaire…
Cédric Brout (Le Républicain lorrain)