Cent ans après l’enfer de Verdun, François Hollande et Angela Merkel commémorent dimanche l’une des batailles les plus sanglantes de la Grande guerre, une journée placée sous le signe de l’Europe et de la transmission à la jeunesse.
Cette célébration, le président français souhaite en faire un message permettant «d’éclairer le monde d’aujourd’hui», à la lumière de l’histoire du «suicide» de nations entraînées dans le précipice «par le nationalisme», a-t-il expliqué.
La présence de 4 000 jeunes français et allemands, dont deux accompagneront la chancelière et le président dans l’ossuaire de Douaumont est, elle, le signe de la volonté de transmettre la mémoire d’une guerre dont le dernier témoin s’est éteint en 2008. Mais il sera difficile de ne pas y voir aussi un écho aux commémorations de 1984 qui virent Helmut Kohl et François Mitterrand se prendre la main à Douaumont, dans un geste devenu celui de la réconciliation franco-allemande.
«Ce que nous avons à faire avec la chancelière, ce n’est pas une réconciliation, elle est faite (…), c’est de dire ensemble ce que nous voulons faire dans ce moment précis pour l’Europe», a précisé François Hollande. Pour Mme Merkel, qui a qualifié son invitation à Verdun de signe de «grande confiance», il «ne fait aucun doute» que l’Europe est confrontée à des tâches difficiles. Mais l’Europe a «également fait et réussi beaucoup de choses», a ajouté la chancelière, saluant la capacité franco-allemande à «trouver des compromis».
« Symbole d’une paix féconde »
Dimanche, la journée commencera par un moment de recueillement au cimetière allemand de Consenvoye, exactement comme le firent MM. Kohl et Mitterrand en 1984. La chancelière et le président se verront d’ailleurs remettre un fac similé du livre d’or signé par leurs prédécesseurs. Puis les deux chefs d’Etat se rendront dans la ville de Verdun, une première pour un dirigeant allemand, où ils lâcheront des ballons frappé de la colombe de la paix.
Dans cette ville devenue «symbole d’une paix féconde» comme l’écrivit le général de Gaulle pour le cinquantenaire de la bataille, le président et la chancelière discuteront de la question des migrants, lors d’un déjeuner de travail. Les risques d’un Brexit, à un mois du référendum britannique qui doit décider le 23 juin du maintien ou non du Royaume-Uni dans l’Union européenne, devraient aussi être évoqués.
Après une visite au mémorial de Verdun rénové, où ils seront rejoints par les présidents de la Commission européenne et du Parlement européen Jean-Claude Juncker et Martin Schulz, l’acmé des célébrations sera l’entrée du président et de la chancelière, accompagnés chacun d’une jeune fille, dans l’immense nef de l’ossuaire de Douaumont. Nécropole nationale, Douaumont est le linceul de 130 000 soldats français et allemands qui y sont ensevelis.
Au même moment, sonnera le glas jusqu’à des kilomètres à la ronde en mémoire d’une bataille qui fit de février à décembre 1916 plus de 300 000 victimes dans les deux camps. Auparavant, dans une scénographie conçue par le cinéaste allemand Volker Schlöndorff, 3.400 jeunes, Français et Allemands surgiront de la forêt figurant, au son de la Marche héroïque, les combattants de la Grande Guerre, avant de venir s’effondrer au pied de l’ossuaire au rythme des Tambours du Bronx.
L’orchestre franco-palestinien dirigé par Daniel Barenboim, symbole d’une autre réconciliation, qui devait initialement accompagner ce spectacle, a finalement été remplacé en raison «des contraintes du site» par «l’orchestre tout terrain» de la Garde républicaine, ont expliqué les organisateurs. Mme Merkel et M. Hollande prononceront enfin chacun un discours d’une dizaine de minutes, avant de quitter les tranchées.
Le Quotidien/AFP