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« Urbex » à Thionville : chasseurs masqués à la pêche aux images


Seb le Thionvillois et Fred le Messin, regroupés sous la bannière Urbex57, nous expliquent en quoi ces explorations urbaines, à la limite de la légalité, leur procurent tant de sensations. (photo Facebook Urbex57)

Eux donnent dans l’exploration urbaine. L’urbex comme on dit dans le jargon. Avec leur appareil photo, ils immortalisent des lieux abandonnés. Comme un jeu. Des endroits où l’homme a décidé de tourner le dos.

Leur démarche est avant tout artistique. Photographique pour être exact. Comme tout bon « urbexeur » qui se respecte, Seb et Fred se sont lancés dans une chasse aux trésors qui leur file le poil. Une aventure qui les mène vers des lieux a priori sans vie, parfois bien gardés, où le temps s’est arrêté. Des anciens hôpitaux, des châteaux laissés à l’abandon, des entrepôts désaffectés, des bases militaires, des écoles. En fait, des espaces que l’homme avait jadis occupés, pour finalement décider de les quitter, sans un regard passé au-dessus de l’épaule.

Seb le Thionvillois et Fred le Messin, regroupés sous la bannière Urbex57, nous expliquent en quoi ces explorations urbaines, à la limite de la légalité, leur procurent tant de sensations.

On s’est piqué au jeu

Seb et la photo, c’est déjà une histoire. « J’ai fait un peu de modèles, il n’était pas question pour moi d’imaginer passer de l’autre côté de l’objectif, en me prenant en photo dans les lieux que l’on visite. » Pour Fred, ses années passées à faire du paintball ici et là dans le département l’ont mené doucement vers la photo.

Déjà, Fred explorait des endroits retranchés, pistolet en main, et billes en poche. « J’ai commencé en mars 2013. Avec les autres, on s’est aperçu qu’il y avait des lieux pas communs, que les gens n’ont pas l’habitude de voir. Et on les a pris en photos, pour avoir des souvenirs. Ça a commencé par des reportages basiques, avec des clichés limite pas cadrés. Aujourd’hui c’est différent. On s’est piqué au jeu, et on va plus vers des photos artistiques, esthétiques, retouchées, travaillées. »

« On a commencé à deux , poursuit Seb. Maintenant on est trois-quatre, avec une personne de Stiring, et une autre de Metz. On parcourt l’Europe, en quête de lieux à découvrir. »

photo Facebook Urbex57

photo Facebook Urbex57

On a des spots partout en Europe

Et comment trouve-t-on ces endroits alors ? « On va sur des pages d’autres urbexeurs, explique le duo. Il s’agit alors de repérer les indices présents sur les photos qui ont été publiées. C’est en regroupant tous ces indices que l’on peut trouver le lieu. »

À l’époque, « 90 % de notre temps étaient consacrés à la recherche de lieux, 10 % à la photo, souligne Fred. Maintenant c’est l’inverse. On a créé des liens avec d’autres urbexeurs, on s’échange désormais les cartes. Aujourd’hui on a des spots partout en Europe. Ça se compte par milliers. On aurait presque une vie pour visiter. » Angleterre, Brésil… autant de terres à explorer, autant de belles surprises à immortaliser…

Histoire et découverte

« Cette année, on a fait un peu les fainéants, on n’a pas fait grand-chose », s’amuse Fred. « Mais notre collègue de Stiring a plus le temps et les moyens, car il faut avouer qu’il faut de l’argent pour pouvoir se payer les déplacements , reprend Seb. Qui précise : « Il a prévu de faire l’Italie, la Russie, la Pologne, l’Allemagne, la Tchéquie. Pour nous, c’est plus la Belgique, le Luxembourg, la Moselle, l’Alsace. De notre côté, on prépare un road trip de deux semaines près de Berlin. On cherche à visiter des manoirs, des châteaux, des maisons, où l’on croit que les gens sont partis la veille. Ça nous est arrivé d’aller quelque part où il y avait des assiettes, les couverts, les verres, et ce sont des lieux réellement abandonnés. »

« On y entre parce qu’il y a une porte ou fenêtre ouverte , prévient d’emblée Seb. En aucun cas, on ne fracture quelque chose. On n’est pas des voleurs. On s’est déjà fait arrêter deux-trois fois par les policiers, et ça s’est bien passé. Ils ont vu que le lieu est ouvert aux quatre vents, que l’on était juste venu pour prendre des photos, que l’on n’a rien emporté. » Et ça se passe bien. « On laisse tout sur place, pas question de prendre un souvenir. On ressort avec notre appareil photo plein. Pour nous, c’est notre façon de s’amuser. On prend nos photos, on rentre, et on les publie », assure-t-il.

Dans les cartons aussi, l’idée de s’envoler pour Prypiat, en Ukraine, à quelques encablures d’une ville connue pour avoir été terrassée par le nucléaire, Tchernobyl. Une cité abandonnée, qui se repeuple au compte-gouttes, et qui fascine le groupe de Mosellans. L’occasion d’une virée où se mêleront l’histoire et l’adrénaline. Une fois de plus.

Emmanuel Correia (Le Républicain lorrain)

Page Facebook Urbex 57

Au fil du temps, les compagnons de route regroupés sous la bannière Urbex57 ont évolué dans leur façon de concevoir l’exploration urbaine. Le grain de la photo s’est affiné, le rendu est meilleur. (photo Facebook Urbex 57)

Au fil du temps, les compagnons de route regroupés sous la bannière Urbex57 ont évolué dans leur façon de concevoir l’exploration urbaine. Le grain de la photo s’est affiné, le rendu est meilleur. (photo Facebook Urbex 57)