Hé ben ! Je vous l’avais dit que c’était pas des conneries » : c’est avec cette phrase, qu’il qualifie lui-même de « déjà célèbre et historique », que le professeur Fabrice Warchol a commenté son exceptionnelle découverte.
Jeudi soir, juste avant de reboucher les énormes et nombreux trous des fouilles archéologiques qu’il menait depuis dix jours dans le petit parc situé à l’entrée de la rue Carnot à Villerupt, lui et son équipe ont en effet mis au jour une vertèbre longue d’1,60 m. « On était sûr que nos recherches donneraient quelque chose, car le sol était étrangement brûlé et vitrifié à cet endroit, et sur une grande surface. Et il se dégageait de la terre une odeur de soufre et de soupe aux choux. Cette vertèbre serait située à 2 m de l’anus, côté queue, et appartiendrait à une bestiole de 120 m de haut. »
Au moment de donner les derniers coups de truelle, l’éminent spécialiste de l’université du Tarn a eu une pensée pour Lee Berger, (vrai) chercheur à l’université du Witwatersrand à Johannesburg, en Afrique du Sud, qui vient de tomber sur de (vrais) ossements d’une espèce humaine inconnue. « Je crois que ce que je viens de trouver dans le Pays-Haut va lui voler la vedette, et ça m’embête un peu. »
Pour pouvoir sortir ce trésor, Fabrice Warchol a finalement eu le renfort de plusieurs habitants du secteur, et de l’un des deux étudiants sur qui il comptait. « Son copain est resté en Espagne faire la fête. Lui est arrivé et sentait fort le Mojito. Je pense donc qu’il obtiendra facilement l’option Mojito. En ce qui concerne l’archéologie, ça va être plus compliqué. Rendez-vous vous compte que j’ai dû le faire creuser plusieurs heures pour qu’il dessaoule ! »
Un dragon ?
Avant de pouvoir dégager des certitudes, la vertèbre a été confiée à la municipalité, qui l’a enfermée à double tour dans un coffre. « Ben oui, vous comprenez, elle est précieuse et on pourrait nous la voler. Et puis des gens, comme les créationnistes, ont tout intérêt à ce qu’elle n’ait jamais existé. Oui, on peut désormais supposer qu’il y avait des dragons avant, pendant, et après les humains. » Des analyses poussées vont être effectuées à la maison des jeunes et de la culture (MJC) de Villerupt. « On devrait en savoir plus rapidement. »
Dragon : le mot est lâché. « Ce n’est pas à vous les journalistes que je vais apprendre les légendes. Mais on peut imaginer que le maître des forges, qui habitait juste au-dessus, travaillait avec ou pour cette bestiole. Durant ces dix jours, je me suis aperçu que c’était très compliqué d’allumer un barbecue sous la pluie. C’est certainement ce que vivait ce maître des forges. Et peut-être qu’un jour, un dragon lui a proposé du feu. Est-ce que le Petit Poucet aurait voulu avoir un GPS ? Bien sûr que oui. C’est une question de bon sens. »
Dans Game of thrones ?
Le professeur gardera d’excellents souvenirs de ses recherches à Villerupt, effectuées dans de bonnes conditions. « De très jolies mamans m’ont apporté à manger (risotto, lentilles, etc.), et plein de gens sont venus me voir et m’ont apporté des documents. J’espère qu’au niveau du canal du Midi, où je vais tenter de savoir si des alligators vivent, j’aurai un aussi bon accueil. Mais je reviendrai ici rapidement, pour voir l’évolution de cette découverte. »
Problème : Fabrice Warchol risque d’être occupé dans les mois qui viennent. Il vient d’être contacté par la production de la série américaine de fantaisie médiévale Game of thrones. « On me propose un poste de consultant et un rôle aux côtés de la reine des dragons, qu’au passage je ne trouve pas si jolie que ça. Malgré sa petite taille, je crois que je vais accepter, car dans la recherche, les budgets s’effondrent. Beaucoup de politiques sont contre la suprématie des morts sur les vivants. Et aujourd’hui, l’humain pense qu’il a tout trouvé. C’est dommage. »
L’événement restera dans la mémoire du bassin de Villerupt. L’histoire retiendra que « c’est lors de la deuxième averse de la journée » que la découverte eut lieu. « Alors que je venais de finir la toute première tartine de porchetta de ma vie… » C’était écrit ?
Les fouilles du professeur Fabrice Warchol, ont pris fin jeudi soir. « J’ai trouvé une vertèbre qui appartiendrait à une bestiole de 120 m de long. » De là à conclure qu’un dragon a vécu ici… il faudrait être fou pour y croire.
Sébastien Bonetti (Républicain Lorrain)