Accueil | Grande Région | Une belle découverte gallo-romaine à Terville

Une belle découverte gallo-romaine à Terville


Des urnes funéraires en céramique contenant des ossements et des objets de la vie courante ont été mises au jour. (photo RL / Philippe Neu)

Soixante-dix urnes funéraires ont été découvertes dans la banlieue de Thionville. Une équipe d’archéologues est à pied d’œuvre depuis trois semaines. La découverte a été faite sur un terrain en limon argileux destiné à devenir un lotissement de 110 parcelles.

Le chantier ne devait durer que quelques jours, il aura finalement nécessité un mois entier de fouilles. Située route de Verdun à Terville, en bordure de voie, la nécropole gallo-romaine probablement rattachée à l’agglomération secondaire bâtie en lieu et place de Florange – mise au jour lors d’une fouille archéologique préventive en 2015 – est actuellement passée au peigne fin par quatre archéologues de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) et par deux étudiants en archéologie de Nancy. Sur ce lieu destiné à devenir un lotissement découpé en 110 parcelles, 90 à 100 dépôts ont été recensés dont 70 sépultures datant approximativement du II e au IV e siècle de notre ère.

À genoux, truelle et pinceau en main, les archéologues ont méticuleusement fouillé le sol en limon argileux pour en ressortir essentiellement des fragments d’amphores et des urnes funéraires en céramique dont certaines ont encore leur couvercle. « Les sépultures les plus riches sont généralement placées en front de voie et les plus modestes à l’arrière », explique Arnaud Lefebvre, le responsable de l’opération. Un empierrement, qui correspond selon toute vraisemblance aux fondations d’un monument funéraire, a lui aussi été mis au jour. « On espère trouver quelque chose en dessous », glisse, le regard pétillant, l’archéologue-anthropologue de l’Inrap. Et ce dernier de préciser  : « Nous sommes en présence d’une nécropole à crémation. Les morts étaient brûlés sur des bûchers, puis une partie des restes étaient ensuite récupérés par les familles, lavés, puis déposés dans des urnes avec des objets chers au défunt. »

Une course contre la montre archéologique

Soigneusement numérotés, les sacs plastique contenant les fragments de céramiques, les ossements et les différents objets placés là en l’honneur du mort (pièces de monnaie, outils, fibules, etc.) ainsi que les restes d’un dépôt en coffre – « il y en a très peu dans la région », note Arnaud Lefebvre – seront ensuite emportés dans les locaux messins de l’Inrap où ils seront soigneusement étudiés et datés. « Nous avons deux ans pour produire un rapport légal », confirme le responsable de l’opération. Mais pour l’heure, les fouilles fines de la nécropole d’une emprise au sol d’environ 600 m² sont presque achevées, et le travail à la mini-pelle automatique va commencer. L’objectif? Prélever un maximum de choses en un minimum de temps. C’est une course contre la montre qui s’est engagée, avec une peur terrible, celle de passer à côté de quelque chose, d’une pièce rare.

Mais le temps, c’est de l’argent… Et ce, même si le temps, en archéologie, se compte en siècles.

Catherine Roeder (Le Républicain lorrain)