Fauchés au Bataclan le 13 novembre, Marie Lausch et Mathias Dymarski vont faire l’objet de trois hommages successifs. Leurs parents et leurs amis constituent une association qui leur ressemble pour continuer à porter leurs valeurs.
Deux M en forme de cœurs, entrelacés. Le logo de l’association Marie & Mathias sonne comme une évidence. Tout souriait à ces deux enfants messins de 23 et 22 ans. Jusqu’à ce que leur route ne croise celle des barbares du Bataclan, à Paris, le 13 novembre dernier. Un hommage leur sera rendu les 21 et 22 mai et deux parcs porteront leurs noms.
La disparition de ce couple plein de vie, brillant et promis à un bel avenir, avait créé une véritable onde de choc dans l’agglomération messine où eux et leurs familles étaient très connus et appréciés. Elle s’est même propagée bien au-delà, au travers d’une photo où s’étale leur joie de vivre. Lui rayonnant de bonheur sous sa casquette. Elle, espiègle, sa mèche blonde emportée par le vent, l’embrassant tendrement sur la joue. Le selfie a fait le tour du monde. Devenant le symbole de cette jeunesse insouciante fauchée par les attentats parisiens.
Cinq mois plus tard, leurs quatre parents – Béatrice, Graziella, Jean-François et Maurice – et leurs amis proches viennent de porter sur les fonts baptismaux une association Marie & Mathias en leur mémoire. « C’est notre contribution pour qu’ils vivent encore auprès de nous », confient pudiquement les parents de Marie et Mathias. La structure a pour objectif de promouvoir les valeurs qu’ils portaient. « Nous savions que nos enfants aimaient la vie mais leur disparition nous a fait prendre conscience à quel point ils étaient fédérateurs. C’est ce que nous voulons poursuivre en offrant un cadre permettant à leurs nombreux amis, leurs proches et tous ceux qui partagent leurs valeurs de se rencontrer, d’échanger, de s’entraider et d’agir ensemble. » Une jeunesse active que l’association se propose d’aider par des actions ponctuelles, en favorisant le brassage culturel et sociétal « qu’ils soutenaient ».
« Pas morts pour rien »
De l’incommensurable douleur qui les anime au quotidien, leurs parents préfèrent ne rien confier. Pas plus qu’ils ne souhaitent pour l’heure commenter l’actualité qui a suivi, de l’arrestation de Salah Abdeslam aux attentats de Bruxelles.
Seule l’envie de faire perdurer le souvenir de leurs enfants uniques les anime. Ils n’ont dérogé à cette règle de discrétion qu’à une reprise : le 11 mars, Maurice Lausch et Jean-François Dymarski ont témoigné à la tribune bruxelloise de la Commission européenne. C’était dans le cadre de la journée européenne de commémoration des victimes du terrorisme. A la demande de l’AFVT (Association française des victimes du terrorisme), ils avaient accepté de représenter les familles des victimes parisiennes. « Nous y avons exprimé le souhait que nos enfants ne soient pas morts pour rien et demandé que l’Europe économique et politique devienne aussi sécuritaire, par la fédération de tous les États dans cette lutte », détaillent les papas avant de revenir à leur priorité : faire rayonner le souvenir de Marie et Mathias bien au-delà de leurs maisons familiales de Saint-Julien-lès-Metz et d’Ancy-sur-Moselle où leurs photos s’étalent partout.
En lien avec la Ville de Metz, l’association organise pour cela un week-end d’hommage les 21 et 22 mai. Et deux parcs portant le nom de «Marie et Mathias » vont être inaugurés à Toul et à Saint-Julien-lès-Metz. « Pour eux, aimez la vie comme Marie et Mathias l’aimaient », clament les affiches invitant la population à participer à ces manifestations.
Philippe Marque (Le Républicain Lorrain)