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Une ancienne avocate se reconvertit dans le… polar


Charlotte Schumacher, ici dans les locaux de sa maison d’édition, située rue Poincaré, à Thionville. (Photo : pierre cadoret)

En 2024, Charlotte Schumacher, avocate au Luxembourg, décide de changer de vie. Boulimique de polars et de romans noirs, elle monte alors sa propre maison d’édition, Les Rives Noires.

À la naissance de Jules, mon troisième enfant, je me suis dit qu’il fallait que je fasse évoluer ma vie, que je sorte de ma zone de confort », raconte la Thionvilloise d’adoption. Avocate de profession au Luxembourg, avec un salaire confortable, elle éprouve le besoin de se réorienter dans quelque chose qu’elle aime profondément. Le monde de la littérature et de l’édition s’impose naturellement. « J’ai chez moi une immense bibliothèque, qui abrite au bas mot 2 000 livres. J’adore les polars, la littérature noire, au contraire des romances. Je suis une vraie addict. » En 2024, elle crée donc sa propre maison d’édition, qu’elle baptise Les Rives Noires. « Comme les rives de la Moselle, à Thionville. Je voulais cette référence locale », insiste Charlotte Schumacher. Elle part alors de zéro. Et installe ses bureaux allée Poincaré, dans les anciens locaux de l’étude d’un huissier de justice.

«J’ai commencé à construire un premier petit réseau d’auteurs. Mon objectif est de les aider dans leur rêve d’écriture. » Les premiers manuscrits commencent à affluer. «Il y avait bien sûr du déchet, mais aussi de bonnes surprises.» Charlotte Schumacher comprend vite qu’une maison d’édition indépendante, de surcroît l’unique de Moselle consacrée au polar, se retrouve dans un milieu très concurrentiel. «Les grosses maisons d’édition prennent toute la place. C’est dur d’exister à côté, à moins de dénicher un auteur exceptionnel, le prochain Joël Dicker ou Maxime Chattam, qui nous permettrait de rayonner.»

Une antenne à Lyon en septembre

En attendant de tomber sur l’oiseau rare, elle s’accroche. «J’ai tout mis ce que j’avais dans Les Rives Noires. J’ai arrêté le métier d’avocate, même si je sais qu’une maison d’édition, ce n’est pas forcément rentable…» Néanmoins, ses efforts commencent à payer : quatre livres vont sortir en 2025. «Après la rentrée littéraire, c’est stratégique», explique-t-elle. Parmi les auteurs retenus, un écrivain suisse, Pierre Gutwirth, qui a déjà publié six ouvrages, et trois primo auteurs : une libraire d’Aix-en-Provence et deux Bretons. Pas encore de Mosellan dans la liste. «Pourtant, j’adorerais faire connaître Thionville», assure-t-elle.

Pour élargir encore son réseau, Charlotte Schumacher a participé, le week-end dernier, au salon Quai du Polar à Lyon. «Un événement incontournable du roman policier en France. C’était assez incroyable. De nombreux auteurs nous ont dit qu’ils nous connaissaient. Ça a même matché avec quelques-uns…» Charlotte Schumacher compte d’ailleurs ouvrir une antenne à Lyon en septembre. «Pour les sudistes, ce sera peut-être plus facile que de venir jusqu’à Thionville.» Un nouveau chapitre, au suspense haletant, est en tout cas en train de s’écrire.