Devenu professeur de musique dans les collèges lorrains, l’ancien militaire était adoré des filles de 14 ou 15 ans. Certaines ont accédé à ses avances…
Il a 38 ans aujourd’hui. Mais il a mené sa vie comme s’il était encore un adolescent. C’est en tout cas comme cela qu’il justifie son attirance pour les jeunes filles de 14 ou 15 ans à qui il donnait des cours de musique au collège.
L’homme est passé par des établissements scolaires de Herserange, Mont-Saint-Martin, Puttelange-aux-Lacs. Plus récemment, il se trouvait dans le Bitcherland. C’est son dernier poste. Avant d’être placé en garde à vue dans les locaux de la gendarmerie de Sarreguemines en novembre dernier. Le petit ami d’une élève venait de découvrir que derrière ce visage de professeur particulièrement soucieux du bien-être de ses élèves féminins – au point que les garçons se sentaient complètement délaissés – se cachait un adulte amateur de relations sentimentales et sexuelles avec les adolescentes.
Cette histoire s’est achevée quand le père de la jeune fille s’en est rendu compte. Elle en cachait d’autres. En épluchant les fadettes et le téléphone du professeur, les gendarmes ont remarqué une invraisemblable liste de conquêtes et de relations ambiguës entretenues avec des femmes. Ils sont remontés jusqu’en 2007… « Elles n’étaient pas toutes mineures », en convient, jeudi matin, le président de la chambre de l’instruction de Metz, Jean-Yves Mariller. Et celles qui l’étaient affirment avoir été consentantes. « À l’exception d’une pour laquelle le mis en cause a été mis en examen pour agression sexuelle », annonce l’avocat général, Brigitte Harmand-Colette.
«Vous cherchiez à séduire les enfants»
Incarcéré depuis le mois de novembre, le professeur espère recouvrer la liberté.
« Dans ce dossier, il y a une constance inquiétante ; l’attirance pour les jeunes filles , observe le président. Offre-t-il aujourd’hui toutes les garanties pour que cela cesse?» « J’ai pris conscience de beaucoup de choses depuis mon incarcération , répond le mis en examen. Je ne me rendais pas compte. La psy m’a ouvert les yeux. Je regrette énormément. J’aurais dû me montrer plus fort face à elles. »
Des mots qui font bondir une conseillère : « Attendez monsieur, vous affirmez que ce sont les jeunes filles qui venaient vers vous. Ce n’est pas vrai! Cela m’inquiète d’entendre ça parce qu’on sait que vous êtes acteur de ce qui s’est passé. Quand on lit les SMS, on constate que vous cherchiez à séduire les enfants. »
Un comportement borderline qui fait dire à l’avocat général qu’« une remise en liberté serait prématurée ». L’avocate de la défense, M e Dominique Boh-Petit considère la frontière entre le droit et la morale très fine. « Ce sont des liaisons dangereuses avec des jeunes filles en fleur. Je retiens une chose de ce dossier : tout le monde était au courant des relations entre mon client et les adolescentes. Les autres profs, les gens des orchestres de musique, certains parents… Tout cela s’est fait à la vue de tous. Il faut donc le croire quand il affirme que les filles n’ont jamais été forcées. Je pense que la prochaine expertise psychologique sera très importante pour comprendre les ressorts de ce dossier. Mais pour que cette expertise se passe bien, il serait bon qu’il ne soit plus en prison. »
Le professeur est ressorti jeudi soir de prison, sous contrôle judiciaire. Avec l’obligation de vivre chez sa mère, dans les Ardennes. Et l’interdiction d’entrer en contact avec les mineurs.
Kevin Grethen (Le Républicain lorrain)