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Un patois lorrain, des maisons à colombages : au Brésil, ces quartiers où l’on se croirait en Moselle


Trois États situés au sud du Brésil présentent d’incroyables paramètres communs avec la Moselle, l’Alsace, l’Allemagne et le Luxembourg, que ce soit en termes d’architecture, de traditions, ou de langage.

Un ciel dégagé laissant transparaitre un soleil éclatant, une végétation parfois bien exotique… et des maisons à colombages. S’il ne s’agit pas d’un photo montage, on pourrait au moins se croire dans un monde parallèle.

Au Brésil, trois États du sud – Rio Grande do Sul, Santa Catarina et Parana – présentent des accents tantôt lorrains, tantôt alsaciens, tantôt germaniques. Comme à Blumenau (ci-dessous) avec cette succession de maisons à colombages.

Inutile de préciser que dans cette ville de 370 000 habitants, on célèbre chaque année en grande pompe l’Oktoberfest, en tenues traditionnelles allemandes… On retrouve sensiblement le même folklore à une trentaine de kilomètres, dans la ville de Pomerode (ci-dessous). Une commune champêtre de 27 000 habitants, et 150 maisons à colombages en briques rouges qui font le bonheur des touristes. Ces derniers peuvent se ravitailler au restaurant Wunderwald, ou dormir à l’hôtel Schroder…

Mais « l’hommage » le plus incroyable rendu à la Lorraine est qu’on parle assez régulièrement dans ces régions le Hunsrücker platt, un dialecte mosellan que l’on peut entendre dans les régions de Forbach, Sarreguemines, Bitche, Boulay…

Pour comprendre cette situation déroutante, il faut remonter au début des années 1800. Et s’intéresser d’abord à un homme : l’empereur germanique François 1er d’Autriche. À l’époque, il contrôle notamment une partie de l’Allemagne, et du Luxembourg. Cela a toute son importance pour la suite…

Sa fille, Marie-Léopoldine de Habsbourg-Lorraine, s’en va marier en 1817 un prince au Brésil : Pierre de Bragance. En 1822, Pierre proclame l’indépendance du Brésil, jusqu’ici colonie portugaise : il est couronné empereur, Marie-Léopoldine devient de facto impératrice.

Une immigration de masse

Pour sécuriser le pays et alors que les terres au sud du Brésil sont encore peu occupées, Marie-Léopoldine encourage l’immigration de populations européennes gouvernées par son père. L’installation « tous frais payés » et l’octroi de la nationalité brésilienne séduisent des milliers de personnes venues de Sarre, du Luxembourg, de Rhénanie, mais aussi de Moselle ! Des populations assez proches géographiquement, et qui parviennent à communiquer en utilisant différentes langues régionales, assez proches. Au fil des décennies, le Hunsrücker platt a fini par prendre le dessus.

Entre 1,2 et 3 millions de Brésiliens le parleraient couramment, et une dizaine de millions le comprendraient, selon les estimations.