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Luxembourgeois retrouvé mort dans une cave d’Algrange : une famille soupçonnée pendant dix ans


Le contexte de l’affaire fait référence à une autre condamnation tombée sur la tête de la logeuse du Luxembourgeois : l’agression d’un handicapé, séquestré et violenté pendant toute une nuit dans un appartement à Algrange, la même année. Photo RL /Pierre HECKLER

La justice reproche à une famille algrangeoise, dont la mère a été condamnée en 2015 pour séquestration d’une personne handicapée, d’avoir violenté et abusé de la faiblesse d’un Luxembourgeois recueilli chez eux, décédé dans leur cave, où il était logé. Délibéré le 18 mai.

Le 19 février 2015, les pompiers découvraient le corps sans vie d’un homme gisant dans le sous-sol d’une maison à Algrange, le corps décharné, le visage tuméfié, non loin d’excréments de chien. Une sordide histoire, à en croire le résumé de ce dossier évoqué par le président Alexandre Gantois, ce mardi 13 avril.

Le contexte de l’affaire fait référence à une autre condamnation tombée sur la tête de la logeuse du Luxembourgeois : l’ agression d’un handicapé, séquestré et violenté pendant toute une nuit dans un appartement à Algrange, qui a valu à la mère de famille un emprisonnement ferme… en mai 2015. Vingt-quatre mois.

Hébergé pendant une dizaine d’années

Soldats du feu et professionnels de santé attestent que le ressortissant du Grand-Duché, collègue de l’ex-mari de l’Algrangeoise, était très mal en point. Il avait été hébergé chez eux pendant une dizaine d’années. Une des filles du couple inquiétée dans cette affaire a livré peu de détails sur le quotidien de la famille à l’époque des faits. Seule à la barre, celle qui est aujourd’hui majeure se souvient de peu de choses. « Quand j’étais là, ça se passait bien », témoigne-t-elle lorsque le président lui demande si elle a assisté à ces scènes où le Luxembourgeois mangeait des restes, debout près du lavabo.

Assurance-vie au nom d’un des prévenus

En 2014, le parquet de Thionville avait même ouvert une enquête pour abus de faiblesse, quand a été porté à sa connaissance l’achat d’un appartement à Uckange par la victime, laquelle avait financé son acquisition en obtenant la liquidation de sa rente. Soit environ 70 000 €, dont une partie, 5 000 €, a été rétrocédée à la logeuse via une commission consentie par le marchand de biens. Logeuse qui, on l’apprendra à l’audience, avait ouvert un compte joint avec le défunt, ainsi qu’une assurance-vie à son nom, et dont elle est bénéficiaire. Dans l’enquête, les forces de l’ordre ont mis au jour l’appel de la logeuse à la compagnie d’assurances, avant celui passé aux pompiers, le jour de la découverte du corps sans vie du malheureux.

« Seul au milieu de ses bourreaux » selon le ministère public, contre « mort naturelle de la victime accueillie au sein d’une famille charitable, vivant sans le sou », d’après l’avocat de la défense. Le tribunal judiciaire se prononcera le 18 mai prochain pour statuer. Le parquetier a requis 24 mois de prison pour la logeuse, 8 mois pour son ex-mari et 10 mois pour la fille.

Emmanuel Correia (Le Républicain Lorrain)