Soupçonné de faire partie de la mouvance islamiste, Saïd Itaev -lutteur français de très haut niveau d’origine tchétchène- est assigné à résidence.
Sur la base d’informations jugées crédibles, les services du Renseignement intérieur ont procédé le 23 novembre à une perquisition chez un homme d’origine tchétchène âgé de 33 ans et résidant à Sarreguemines. Il s’agit d’un sportif aguerri, membre du club élite de lutte (l’ASSO Sarreguemines) depuis huit ans, et surtout pilier de l’équipe locale. La perquisition, effectuée dans le cadre de l’état d’urgence, n’a pas permis de retrouver d’armes, le lutteur étant soupçonné d’être lié à un mouvement de recrutement jihadiste, proche des indépendantistes tchétchènes. Plusieurs exemplaires du Coran ont été retrouvés chez celui qui voyage régulièrement vers l’Ukraine ou la Turquie.
Il a été assigné à résidence quelques jours après la perquisition et serait contraint de venir se présenter trois fois par jour au commissariat de Sarreguemines, tout comme il ne doit pas quitter son domicile la nuit. Reste que son assignation tombe mal au plan purement sportif.
Un élément clé
Saïd Itaev, après avoir brillé il y a peu à Sarreguemines avec ses coéquipiers, doit en effet participer samedi à Soissons (Aisne) à la finale du championnat de France de lutte de 1ère division. Le club régional de lutte, où Itaev est plus qu’apprécié, est en contact avec les services de la préfecture à Metz, espérant la levée partielle de l’assignation. «Nous avons effectué une demande pour qu’il soit présent à la finale. Notre problème, c’est qu’il puisse participer à la finale, fait savoir Jean-Marc Beck, président du club de lutte de Sarreguemines. Avec lui, nous avons une petite chance de battre Besançon, mais il faut qu’on soit complets.»
Le responsable espère obtenir un sauf-conduit, et n’a pas souhaité en dire plus sur le sportif. «Cela lui pose plus de problèmes qu’autre chose, c’est d’ordre privé», ajoute-t-il. De son côté, l’entraîneur du club espère vivement que son lutteur, en qui il a confiance, sera du voyage en Picardie.
Saïd Itaev, qui remporté plusieurs titres de champion de France en équipe, était licencié à Orléans avant d’être recruté par le club de lutte mosellan.
Philippe Creux et Kevin Grethen (Le Républicain Lorrain)