Un tiers des hommes de plus de 50 ans souffrent de dysfonction érectile. Lorsqu’aucun traitement n’y remédie, un dernier recours est proposé notamment par l’hôpital de Sarreguemines : l’implant pénien. Efficacité 100 % garantie.
La petite pilule bleue était déjà une révolution. Elle a délié les langues, brisé un tabou, en permettant d’évoquer plus librement ses troubles de l’érection. Mais elle a montré ses limites. Tout comme d’autres traitements contre l’impuissance (injections, pompes…). « Ils ne sont pas tous efficaces », constate un urologue de l’hôpital Robert-Pax de Sarreguemines. « Ou tolérés… » Au désespoir des hommes et de leur partenaire. Car le phénomène est fréquent. « Trop fréquent. Il touche de plus en plus de personnes. » Un tiers des hommes après 50 ans, « c’est moins étonnant », mais aussi des patients plus jeunes, de 25-30 ans. « Là, c’est un vrai problème. »
En dernier recours, le service leur propose, sous conditions, la pose d’un implant pénien. Il consiste à introduire dans le ventre un réservoir rempli d’eau, relié à deux cylindres et une pompe insérée dans le scrotum. « Rien n’est visible. » Le patient n’a plus qu’à actionner le mécanisme, en pressant la pompe. L’eau se diffuse. « L’érection est quasi instantanée. »
A l’inverse, deux actions sur un bouton permettent de revenir à l’état initial. « L’implant est facile à utiliser et permet d’atteindre les mêmes sensations » qu’un rapport normal, complet.
«Retrouver une vie normale»
L’intervention d’1h30, réalisée sous anesthésie générale, est irréversible. « Mais elle est efficace à 100 % », assure-t-on. En revanche, tous les hommes ne peuvent y prétendre. « Il est important d’étudier leur profil psychologique », explique le praticien. « Plusieurs entretiens sont nécessaires, pour être sûrs qu’ils soient intellectuellement valides, qu’ils aient une libido normale », aient testé d’autres traitements, sans succès.
« La plupart ont subi une prostatectomie totale, après un cancer de la prostate, ou sont diabétiques. » Durant un temps, ils se battent pour vaincre la maladie. Puis ils prétendent à retrouver une vie normale. « L’impuissance est difficile à vivre, surtout pour les jeunes », poursuit l’urologue, qui compare ce désir à celui des femmes atteintes d’un cancer du sein. « Souvent, la phase de reconstruction est plus importante que l’ablation de la tumeur. » Elle leur permet de retrouver une féminité, une sexualité. Ce à quoi aspirait l’un des patients, récemment opéré par le service. « Je l’ai surtout fait pour ma compagne », plus jeune. Mais il n’a pas encore testé le mécanisme. Un délai d’attente de quatre à six semaines est nécessaire après l’intervention.
Comme pour toute opération, le risque n’est pas nul, surtout le risque infectieux. « Nous demandons d’arrêter de fumer avant et après, pour accélérer la cicatrisation. »
En général, la pose, entièrement remboursée, intervient après 40 ans. « Mais on peut l’imaginer dans des situations « désespérées », pour des personnes plus jeunes, tétraplégiques. » Une avancée médicale considérable.
Aurélie Klein (Le Républicain Lorrain)