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Un docteur dijonnais rescapé du coronavirus : «Ça ne serait pas arrivé si…»


«Nous sommes en guerre contre le virus. Je ne peux pas m'arrêter», se justifie le docteur Chauve. (Photo : Andrey Popov)

 «Ça ne serait pas arrivé si j’avais eu un masque» : Lionel Chauve, médecin généraliste de 87 ans, a frôlé la mort après avoir été contaminé par le coronavirus d’une patiente. Guéri, il a repris le travail ce lundi mais deux membres de son entourage sont décédés.

Le 12 février, le docteur Lionel Chauve, qui exerce à Chenôve, près de Dijon, rend visite à une ses patientes les plus anciennes. « Je la connais depuis 1964 », explique-t-il. Le médecin ausculte la malade, qui se plaint de difficultés respiratoires, sous le regard de son fils, en visite chez sa mère pour fêter ses 80 ans. Il « toussait un peu », se souvient Lionel Chauve.

L’homme avait fait le déplacement depuis la base aérienne militaire de Creil, dans l’Oise, un des départements les plus touchés par le Covid-19. « Il ne se savait pas infecté », regrette le docteur. Le 28 février, l’Agence régionale de santé Bourgogne-Franche-Comté annoncera que cet homme est le premier cas de coronavirus dans la région. L’ARS confirmera au même moment la contamination de sa mère de 80 ans, et du docteur Chauve.

Il a déjà repris ses consultations à domicile !

« J’ai examiné sa gorge. Elle a toussé. Et je n’avais pas de masque », se souvient le docteur. Le médecin est hospitalisé et placé en réanimation. Il y restera jusqu’au 3 mars, entre la vie et la mort. « Au CHU, j’ai cru un moment que ça ne se finirait pas bien pour moi ». Mais « je ne suis pas mort », lance le docteur, rebaptisé « le miraculé » dans les conversations à Chenôve. Et ce lundi matin, il reprenait ses consultations à domicile. « Oui, je suis fatigué », avoue-t-il, confessant avoir été « un peu limite ce matin quand (il est) monté au quatrième étage » pour rendre visite à un patient.

« À 87 ans, oui, je pourrais être en retraite depuis longtemps, mais c’est un choix de vie, de continuer à faire de la médecine. Nous sommes en guerre contre le virus. Je ne peux pas m’arrêter. » Après avoir tutoyé la mort, le médecin assure n’avoir plus peur pour lui: « J’ai le rare bonheur de ne plus pouvoir avoir le virus. Je suis immunisé. En principe à 99%. Et je ne suis pas contagieux », soutient-il. Mais il craint pour ses confrères, à commencer par sa fille de 55 ans, qui a, elle aussi, fait le serment d’Hippocrate.

La peur des médecins «est complètement légitime»

Trois médecins, dont un généraliste, comptent parmi les décès dus au coronavirus en France. La peur des médecins « est complètement légitime », estime le docteur Chauve. « Je pense que, si on avait eu 66 millions de masques deux fois par jour en France, ça ne serait pas la peine d’être confiné. » « Je pense qu’il faudrait en donner à l’ensemble de la population, à commencer par les médecins. Mais 250 millions de masques pour 66 millions d’habitants, c’est peu », regrette-t-il en référence au nombre de masques que le gouvernement a commandés.

« Moi, je suis guéri. Mais mon épouse l’a eu. Mon beau-frère a été contaminé et il en est mort. Et mon ami de première année de médecine est décédé le 10 mars : il a été contaminé par son épouse, elle-même contaminée par la mienne. J’aurais eu un masque, je n’aurais pas été contaminé et tout cela n’aurait pas eu lieu », regrette-t-il.

LQ/AFP

Un commentaire

  1. Les responsables de cette absence de masques sont des criminels!