Un convoi transportant de la drogue a été intercepté dans le village de Koenigsmacker, situé tout près du Grand-Duché.
Coupez une branche, il en repousse une ou deux autres ailleurs. La police judiciaire (PJ) de Metz s’est attaquée, en 2013, à un réseau tentaculaire de drogues dont on ne perçoit pas encore les limites. Elle n’en finit plus, depuis, de frapper cette organisation visiblement peu émue par ces coups de boutoir. Mercredi soir encore à Kœnigsmacker.
La première fois, une partie de l’équipe était tombée à Basse-Ham, dans le secteur thionvillois, avec une vingtaine de kilos de produits dans le coffre d’une voiture. Plus tard, la police avait saisi cinq kilos.
Les hommes du groupe «stups» et du groupe d’intervention régional (GIR) ont poursuivi leur travail dans l’ombre. Persuadés que d’autres n’allaient pas tarder à reprendre ce trafic arrosant une bonne partie de l’est de la France. Sur commission rogatoire de la juge d’instruction de Thionville, ils ont mené différentes surveillances, physiques et techniques, d’individus installés depuis longtemps dans le paysage de la drogue mosellane. Mercredi soir, un convoi est redescendu des Pays-Bas. Les deux voitures sont identifiés comme étant volées, et faussement plaquées. Les agents attendent le go-fast à Kœnigsmacker, où les trafiquants ont un complice.
Des tirs de sommation
Des unités de la brigade de recherche et d’intervention (BRI) de Strasbourg sont présentes pour sécuriser « cette opération judiciaire qui s’annonçait délicate », relate le commissaire Franck Dannerolle.
Délicate en raison du profil des auteurs présumés, « des individus chevronnés, réactifs et déterminés. » Délicate aussi parce que les forces de l’ordre avaient très peu de temps pour agir. Laisser pénétrer le convoi dans l’habitation du complice, c’était donner la possibilité aux trafiquants « de faire disparaître des preuves, de fuir par l’arrière », indique le patron de l’antenne messine de la PJ. Ou de s’armer et de se barricader à l’intérieur du logement.
Il fallait donc faire vite au moment de l’interception des bolides. Deux tirs de sommation ont suffi à impressionner les trois personnes présentes dans les habitacles. « Il n’y a eu aucun blessé. » La BRI a fait sauter au bélier la porte du complice. Un jeune homme, qui avait emménagé là l’hiver dernier. Chez lui, les enquêteurs ont saisi deux armes de guerre, un fusil-mitrailleur de type Kalachnikov et un pistolet-mitrailleur. Ils ont également mis la main sur 11 000 euros.
Un des véhicules transportait près de 40 kg de résine et d’herbe de cannabis. Les quantités précises seront connues un peu plus tard.
La garde à vue des mis en cause – deux ont de lourds antécédents judiciaires – pourrait durer quatre-vingt-seize heures.
Kevin Grethen (Le Républicain lorrain)