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Un combat commun pour les TER en direction de Luxembourg


Les usagers ont utilisé des billets factices, jeudi, pour protester contre les problèmes rencontrés sur le réseau TER. (Photo : RL)

Quand les uns protestent contre les retards des trains, les autres réclament plus de personnel pour en assurer la maintenance… Travailleurs frontaliers et cheminots se trouvent aux extrémités d’une même chaîne de transport.

Quand le cadre bancaire tend son billet factice au contrôleur du TER, pour montrer son mécontentement, il apporte de l’eau au moulin du syndicaliste CGT qui vient d’allumer ses feux de Bengale le long des voies en gare de Thionville! Étonnant? Pas tant que cela. Car les usagers autant que les cheminots ont envie de service performant sur l’axe Thionville-Luxembourg, et ces derniers temps la grogne est montée d’un cran. Jeudi, les deux mouvements d’exaspération se sont exprimés en même temps. Un hasard plutôt révélateur d’un contexte un peu compliqué.

Alors, qu’est-ce qui ne va pas sur le réseau des TER à Thionville? Ces deux mouvements totalement indépendants se rejoignent sur un même constat : le réseau TER n’offre pas une qualité de service optimale. Quand les usagers dénoncent les retards et les suppressions de trains qui les gênent trop souvent dans leurs trajets, les cheminots dénoncent le manque d’effectifs pour réaliser dans les délais les opérations de maintenance, ce qui provoque ces annulations et retards de mise en service des rames… Prise entre deux feux, la direction régionale observe, dit comprendre et temporise en restant le regard rivé sur avril 2016 avec la mise en place du cadencement qui devrait apporter au moins une partie des réponses.

La moitié du parc TER à l’arrêt

D’ici là, il faut prendre son mal en patience, sachant que l’activité ferroviaire restera toujours tributaire d’aléas tels que la panne d’une motrice de fret privé ou d’un accident survenant sur les voies… Il existe aussi des soucis plus internes qui, en revanche, prêtent davantage à discussion.

C’est pourquoi une cinquantaine de cheminots était mobilisée, jeudi, à l’entrée du dépôt thionvillois. Le piquet de grève, tenu dès 4 h du matin, a été vu par les usagers des TER qui ont aperçu des feux de détresse allumés par les manifestants non loin des rails. Une vingtaine d’embauches sont réclamées par la CGT pour le technicentre de Metz-Thionville. « Le service logistique est en souffrance , explique le délégué syndical Pascal Vigneron. De fait, des trains sont supprimés ou bondés car rien ne peut entrer ou sortir de ce service. Il manque du personnel pour entretenir le parc des rames TER dont la moitié est à l’arrêt. »

La colère monte crescendo et les rencontres provoquées in situ avec la direction n’ont pour le moment pas permis de rassurer le personnel. « Il y a un ras-le-bol , poursuit le syndicaliste. Il est vrai que nous disposons de structures neuves et performantes, mais il manque des agents pour travailler. »

L’inquiétude grandit en appréhendant la pyramide des âges, sachant qu’une centaine de départs potentiels en retraite peuvent intervenir dès 2016, pour un total de 470 employés sur ce secteur. La direction explique avoir prévu des embauches, mais le nombre reste inconnu pour le moment, faute de lisibilité sur les intentions des personnels concernés. « C’est prévu mais cela se fera selon les besoins , confirme Marc Mathey, de la direction régionale. La priorité reste le renouvellement des compétences. »

La CGT a revendiqué jusqu’à 65 % de grévistes au niveau de l’exécution, révélant une inquiétude particulièrement accrue dans une catégorie de personnels très attachée à l’image de l’entreprise. Les usagers sont sur la même ligne. Une rencontre entre ces deux mondes partageant des intérêts communs évidents semble de moins en moins improbable. Un mélange sans doute explosif.

Olivier Simon (Républicain Lorrain)