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Un chenil sème le trouble au pays de Bitche


Situé à proximité d’habitations, le chenil d’Eberbach, où sont élevés des american staff, trouble la quiétude du lieu-dit. (Photo : RL)

La quiétude de riverains de Liederschiedt est perturbée par un élevage canin d’american staff. Des plaintes ont été déposées et ont donné suite à une inspection de la préfecture. Elle en conclut que l’installation n’est pas en règle.

Un havre de paix, à Eberbach, lieu-dit de Liederschiedt. Un chalet bordé d’un étang. Malgré ce cadre idyllique, ses occupants ne peuvent y connaître la quiétude. Jour et nuit, leur quotidien est continuellement troublé par des bruits sourds et puissants : les aboiements d’une vingtaine d’American staff, confinés dans leurs boxes, en surplomb du croisement des routes menant au village et à Roppeviller.

Au moindre passage d’un cycliste, d’un promeneur, les chiens aboient en meute. Leurs voix portent à des dizaines de mètres aux alentours. Un enfer, « lorsqu’en été, portes et fenêtres sont ouvertes ». Une angoisse, « quand, la nuit, toutes les perceptions sont décuplées », souffre le couple de riverains, propriétaires d’une résidence secondaire.

Las, ils ont déposé plainte à la gendarmerie de Bitche, en août dernier, comme d’autres voisins, et alerté les services de la préfecture pour dénoncer des conditions d’élevage qu’ils jugent illicites.

27 chiens au lieu de 9

Comme suite à leur plainte, le service animal et environnement de la direction départementale de la protection des populations a ordonné une visite d’inspection, en novembre dernier. Son rapport est accablant : le chenil compte 27 chiens quand le seuil maximum est fixé à 9 ; il est situé à une distance inférieure aux 100 m, minimum imposé, des habitations.

En conséquence, l’éleveuse a été sommée de se mettre en règle. Soit en cessant son activité ou en la transférant sur un site conforme, soit en réduisant le nombre de staff ; soit encore, en déposant une demande de dérogation. Mais le service a averti que, le contrôle faisant suite à une plainte, « la commodité du voisinage n’est d’ores et déjà plus respectée, alors qu’elle demeure un élément incontournable ».

En outre, en raison de la présence des 27 canidés, l’éleveuse est tenue d’assurer une présence permanente sur le chenil. Or, elle exerce « une autre activité professionnelle, à temps plein, laissant ainsi les animaux sans surveillance ».

Pour les riverains, le danger demeure. D’autant que les boxes se trouvent aux abords de la propriété, près de la route, et ne sont pas entourés de clôtures. « Vous imaginez, si en ouvrant la grille, l’un s’échappe ? Ce ne sont pas des yorkshires ! » Plutôt des molosses de catégorie 2, à la mâchoire puissante. Il y a près de 10 ans, l’un d’eux avait mordu son propre maître. « Faut-il attendre un nouveau drame pour que cela bouge enfin ? », s’indigne le voisinage.
15 jours pour être en conformité

Sollicitée à plusieurs reprises, l’éleveuse n’a pas donné suite à nos demandes. Elle avait jusqu’au 1er mars pour se mettre en conformité. Mais rien n’a changé. Les voisins ont donc alerté le maire, écrit au procureur de la République et redéposé plainte, provoquant une deuxième inspection le 17 mars dernier. Elle a été suivie d’une procédure contradictoire.

A l’issue de celle-ci, le préfet a pris un arrêté de mise en demeure. Si dans un délai de 15 jours après notification, « l’installation n’est pas régularisée, des sanctions administratives seront prises à l’encontre du propriétaire », précise la préfecture de la Moselle. Les riverains n’attendent que cela pour retrouver l’apaisement.

Aurélie Klein (Le Républicain Lorrain)