Les obsèques de Luca, victime innocente d’un désaxé, ont été célébrées vendredi, dans la commune de Terville, près de Thionville. À Jœuf, où s’est produit le drame, la population s’est réunie pour soutenir la famille et rendre un ultime hommage au petit ange.
Des drapeaux en berne, des bougies, des roses blanches, quelques mots, un long moment de silence, des ballons blancs rejoignant le ciel : vendredi soir, c’est une population en deuil qui s’est rassemblée sur la place de la mairie de Jœuf. Ensemble, unies dans la même émotion, des centaines d’anonymes sont venues rendre un ultime hommage à Luca, 7 ans, décédé après avoir été poignardé par un désaxé alors qu’il revenait de l’école et dont les obsèques ont été célébrées vendredi après-midi à Terville (lire encadré).
« Depuis une semaine, Jœuf continue à être abasourdie et profondément touchée par ce drame inexplicable. Il règne un sentiment de tristesse infinie. Dimanche dernier, lors de la marche silencieuse empreinte d’espoir, Luca était encore avec nous… En plein accord avec la famille à laquelle nous voulions offrir toute notre affection et pour les personnes n’ayant pu assister aux obsèques, il était important de se recueillir ensemble pour rendre hommage à ce petit ange» , souffle le maire André Corzani en évoquant les nombreux messages de soutien qui, depuis le début de la semaine, ont rempli les pages du recueil de condoléances disponible en mairie.
«Le combat de la famille sera le nôtre»
De retour de Terville, où il a célébré les obsèques du petit garçon, le diacre jovicien Renzo Cialfi a transmis le message de la famille de Luca. Un message empreint de remerciements à l’adresse de toutes les personnes qui, depuis le 15 octobre, les aident à traverser cette lourde épreuve : « Notre fils s’est battu comme un superhéros. Aujourd’hui, c’est à nous de nous battre pour lui. »
Puis au micro, la voix étranglée par l’émotion, en tant qu’élue et vice-présidente des parents d’élèves de l’école de Génibois où était scolarisé Luca, Audrey Kirillov prend la parole : « Nous sommes et resterons profondément bouleversés par ce drame affreux… Rien n’est plus précieux que l’enfance. Face à ce geste ignoble, nous avons besoin d’humanité pour faire reculer la bêtise et la bestialité… » La jeune femme l’a martelé : « Le combat qui s’engage aujourd’hui pour que justice soit faite sera le nôtre. »
Au terme d’un grand moment de silence « plus puissant que les mots », André Corzani a assuré que «la capacité des Joviciens à se rassembler aura énormément compté pour la famille. À la bestialité, nous avons fait le choix de répondre par la dignité et la solidarité. Plutôt que de nous désunir, cette épreuve terrifiante nous a rapprochés.»
Des ballons s’envolent dans le ciel de Jœuf. « Que l’on y croit ou non, ils sont les symboles d’un petit ange. »
Marie-Odile Chéry (Le Républicain Lorrain)
Un superhéros ne meurt jamais
Il avait 7 ans et la vie devant lui. Passionné de foot, Luca adorait les dessins animés. Il rêvait d’être un superhéros et de grimper aux murs comme Spiderman. Il s’est éteint lundi avant d’avoir réalisé tous ses rêves, mais vendredi à Terville, lors de ses obsèques, il a été applaudi… comme un héros.
Des centaines de personnes, des proches, des anonymes, ont assisté à l’office, célébré par le diacre de Jœuf, Renzo Cialfi, qui s’est montré également très affecté par les circonstances. «Je comprends votre révolte, votre émotion. Dans ces moments-là, les mots ne veulent pas dire grand-chose.»
Il a tenu à une célébration, «à l’image de Luca, qui était un petit garçon souriant et timide. Mes amis, je ne sais pas qui est Dieu pour vous, et au cœur de cette épreuve vous avez le droit de ne pas comprendre, droit de dire : mais ce Dieu, qu’est-ce qu’il fout ? Comme je vous comprends. Je refuse de tomber dans les bondieuseries, et face à votre souffrance, je préfère me taire. Seul le pouvoir de l’amour vous réconfortera.»
Avec courage, son grand frère Paolo a pris la parole : «Toi, tu trouvais toujours le moyen de nous faire sourire. Tu pars pour une nouvelle vie, mais tu seras toujours dans notre cœur.» Natacha, la maman de Luca, a rédigé une déclaration d’amour poignante à l’attention de son «petit cornichon» : «À toi mon bébé que j’ai porté, à toi mon superhéros qui m’a donné la force de me battre, tu vivras au rythme des battements de mon cœur. Je t’ai aimé, je t’aime et je t’aimerai.»
Fleurs, petits mots et différents présents ont été déposés au pied du cercueil de Luca, «un petit bonhomme qui rêvait d’avoir des super-pouvoirs. Tu as eu la force et le courage d’un héros, a déclaré le diacre. Alors va, tisse ta toile entre les nuages. Tu as plein de pouvoirs maintenant.» Devant le parvis de l’église Saint-Sébastien, après un long moment de recueillement, tous ont applaudi ce petit garçon parti trop tôt. «Tu vas montrer aux anges comme ton papa t’a appris à jouer au foot. Ils vont être épatés. Et tu sais, un superhéros, ça ne meurt jamais.»
Sabrina Frohnhofer (Le Républicain Lorrain)