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Uckange : des friches polluées mais cultivées


Sonia Henry, chercheuse à l’université de Lorraine, expérimente les interactions entre les végétaux et la pollution du sol. (photo RL/Armand Flohr)

Les friches industrielles du parc de l’U4 sont des terrains fertiles pour la science.

Depuis l’année dernière, les chercheurs de l’université de Lorraine y exploitent des parcelles polluées afin de mener des expérimentations sur la phytoremédiation – le pouvoir dépolluant des plantes – et la production de biomasse.

Torturé par le soleil ardent, le sol geint sous la semelle des jardiniers d’un jour. À chaque pas, son craquement. Les quelques averses tombées ces derniers jours n’ont pas suffi à abreuver la terre. À l’arrière du haut-fourneau U4, les végétaux qui ont colonisé la friche font le dos rond. Seuls les murmures des chercheurs viennent troubler la quiétude des lieux. Sous leurs pieds, un sol caillouteux pollué par plusieurs décennies d’activité industrielle. Une caractéristique qui assoit justement sa vocation scientifique. Depuis un an, les chercheurs de l’université de Lorraine ont investi 30 parcelles de 250 m² chacune afin d’y mener diverses expérimentations sur le champ de la botanique. Le Jardin de la transformation participe ainsi à la vocation universitaire des friches industrielles du parc U4, souhaitée par la communauté d’agglomération du Val de Fensch.

Les chercheurs expérimentent ici plusieurs solutions innovantes autour de la phytoremédiation (dépollution des sols), de la production de biomasse (matières organiques pouvant produire de l’énergie), de la récupération de métaux dans les sols ou encore de l’impact de la pollution sur les plantes comestibles.

Des applications concrètes

Jeudi, Sonia Henry, enseignante-chercheuse au laboratoire sol et environnement de l’université de Lorraine, entourée de ses collaborateurs, a planté plusieurs végétaux du genre Sedum. Cette espèce accumulatrice est capable d’absorber les métaux qui se trouvent dans le sol. «À terme, nous sommes en mesure de récupérer les métaux captés par la plante et de produire de l’énergie», indique Guillaume Echevarria, de la start-up nancéienne Econick, qui collabore à ce projet. Cette expérimentation sera la dernière mise en œuvre cette année.

Le résultat de ces expérimentations offre des perspectives intéressantes pour la requalification des friches industrielles : «L’idée, c’est de démontrer que les friches peuvent potentiellement être exploitées en tant que sites de production de biomasse. Cela permettrait d’éviter d’empiéter sur les surfaces agricoles où l’on produit des végétaux consommés par l’homme», explique Sonia Henry. L’autre application concrète de ces expérimentations touche à la dépollution des sols : «Cette méthode peut être appliquée à d’autres typologies de sols : on cherche à la fois à dépolluer et à valoriser ce que l’on produit».

Les Jardins de la transformation ont vocation à s’installer durablement sur le site du parc du haut-fourneau U4. Le public pourrait les découvrir à l’occasion de la fête de la Science, organisée au mois d’octobre.

Un laboratoire à ciel ouvert

Monument historique, symbole du patrimoine sidérurgique, le parc du haut-fourneau d’Uckange se veut un exemple de reconquête des friches industrielles. La création d’un jardin forêt au pied du haut-fourneau marque ainsi une nouvelle étape pour le site. «Les terrains de l’U4 sont un très beau terrain de jeu», sourit Sonia Henry. Un terrain de jeu, véritable «laboratoire à ciel ouvert, qui nous permet de travailler sur le long terme», apprécie la scientifique.

Les axes d’études développés sur le site s’articulent autour de l’analyse des sols et de diverses espèces végétales permettant leur amélioration, mais aussi de la production de biomasse ou de la récupération de métaux. Première plantation expérimentale mise en œuvre, le jardin forêt, riche d’une vingtaine d’essences (arbres fruitiers, lianes, tubercules, herbacées…) et des espèces présentes préservées, permettra notamment d’observer le transfert de pollution vers des plantes comestibles. Imaginées aussi pour permettre, à terme, la promenade pédagogique, ces parcelles ne seront pas directement accessibles au public, mais feront l’objet de visites hors circuit.