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Uckange : coquine en ligne, malgré elle


« J’ai été reconnue et interpellée dans la rue par des inconnus. Vous imaginez la honte ? », peste cette maman et grand-mère de 51 ans. (photo RL/Julio Pelaez)

Jacqueline, une Uckangeoise de 51 ans, est victime d’une usurpation d’identité. Sa photo circule sur une trentaine de sites de rencontres coquines, voire pornographiques.

Le tapotage est fébrile, nerveux. Ses ongles laqués de rouge cliquettent furieusement sur le smartphone. Puis les copies d’écran défilent. Jacqueline apparaît, tout sourire, corps moulé dans une robe pastel, visage penché de trois-quarts. Aujourd’hui encore, elle peine à garder son sang-froid face aux nuits chaudes qu’on lui prête…

Cette Uckangeoise de 51 ans a découvert, voici deux mois, que ce cliché et un pseudonyme circulent allègrement sur la toile, sur des adresses choisies. Exemples : grandmèreenchaleur.com, enviedevieille, sexeavecmoche ou rencontrebaise.fr. Bienvenue au royaume des « Milfs », des « couguars » disponibles et de la bagatelle décomplexée. Cette employée dans un bar-tabac de Florange a dû se rendre à l’évidence : elle a fait l’objet d’une usurpation d’identité.

« Un ami d’enfance, qui fréquente un site de rencontres, s’est étonné de m’y voir inscrite et m’a demandé si je cherchais quelqu’un en ce moment », raconte la victime. « J’ai halluciné ! » Le binôme a tenté une prise de contact avec la « fausse » Jacqueline… sans succès. La vraie fulmine : « Je serais bien allée au rendez-vous, moi ! Je me sens salie et humiliée ! »

Nouveau malaise : « J’ai été reconnue et interpellée dans la rue par des inconnus. Vous imaginez la honte ? ».

Une vieille connaissance à la manœuvre

Ce n’était qu’un début. En tapant le pseudonyme dans la barre de recherche, cette mère et grand-mère découvre l’ampleur de l’usurpation : une bonne trentaine de sites douteux exploitent son image en toute impunité. « Est-ce qu’ils se revendent les photos ? », hasarde Jacqueline, écœurée. « Je ne vous dis pas, quand on pousse un peu, on voit des trucs franchement horribles ! Des seins, des fesses, des parties intimes avec des objets… Je n’ose pas m’inscrire pour accéder à mon profil, je ne veux pas entrer mon numéro de carte bancaire… »

Pour elle, aucun doute. Une connaissance lointaine, avec qui elle a tissé des liens amicaux autrefois, est à la manœuvre et procède à ces inscriptions compulsives pour lui inventer une vie de sacrée coquine en ligne. Alors Jacqueline s’est rapprochée d’une association locale d’aide aux consommateurs. Elle a également déposé plainte à la gendarmerie d’Uckange. « J’ai peur que l’affaire soit abandonnée », avoue-t-elle. « Il semble difficile de remonter vers les adresses IP, mais du coup, c’est la porte ouverte à tout ! »

Du côté des forces de l’ordre, on prend l’affaire très au sérieux. « Une enquête est en cours », assure-t-on à la compagnie de gendarmerie de Thionville. « Nous sommes en lien avec la cellule N’Tech, à Metz, spécialisée dans la cybercriminalité. Mais ce type d’enquête peut prendre du temps. » Attente qui peut sembler bien longue pour la victime. D’autant que « les gens qui me reconnaîtront sur ces sites ne vont pas aller s’en vanter… »

Joan Moïse (Le Républicain Lorrain)