Trois anciens salariés d’Écomouv’ à Metz ont accepté de témoigner sur leur difficile reconversion. Huit mois après l’annonce du plan social chez Écomouv’, seuls 20% des anciens salariés ont déjà retrouvé un emploi. Parmi les autres, certains «sont brisés moralement».
Comment tourner la page? Comment se reconstruire après avoir vécu un échec professionnel aussi douloureux et injuste? Telle est la problématique que doivent affronter, chaque jour, les ex-salariés de la société Écomouv’. « Ils ont été brisés moralement , appuie Jacques Stirn, qui a suivi le dossier pour la CFDT. Beaucoup ont du mal à en parler. Certains fondent en larmes quand ils évoquent le sujet. »
Huit mois après l’annonce du plan social – qui a conduit au licenciement de 200 personnes, dont 157 basés sur l’ex-BA 128 –, les plaies restent béantes. L’amertume et la colère, toujours aussi vivaces. Trois des ex-Écomouv’ racontent ce qu’ils ont vécu.
Christelle (*), 32 ans
«On a vraiment été pris pour des pions. Tout a été camouflé, étouffé pour qu’il n’y ait pas de scandale », dénonce cette femme de 32 ans. Attirée par « un salaire motivant » et un projet nouveau – « Quelque chose mis en place par l’État, on se disait que ça ne pouvait être que sûr » – elle avait démissionné de la fonction publique hospitalière pour intégrer Écomouv’. Deux ans plus tard, elle ne s’attendait pas à revenir aussi vite sur le marché de l’emploi. « J’ai retrouvé un CDD de 4 mois à Nancy, qui doit déboucher prochainement sur un CDI , explique-t-elle. Mais je ne toucherai pas l’indemnité rapide de reclassement (IRR) parce qu’il fallait trouver un contrat d’au moins six mois et/ou retravailler à plus de 50 kilomètres. Et mon nouvel emploi est à 49,2 km…»
Ces critères « très durs », mis en place par le plan social, Christelle dit ne pas en avoir été informée. Outre l’absence de « transparence », l’ex-salariée d’Écomouv’ semble convaincue que « tout a été fait pour qu’on ne puisse pas toucher ces aides ».
Djamel (*), 36 ans
Il avait été attiré par « un job bien payé, avec un avenir intéressant ». Mais il a vite déchanté, comme tous les autres. « C’est vrai qu’il y a eu beaucoup de promesses, beaucoup d’espoirs déçus », confie cet ex-Écomouv’, 36 ans. Il aurait pu se décourager mais l’homme est du genre persévérant et combatif. Malgré les échecs. « J’ai déjà passé entre 20 et 30 entretiens, mais on ne me propose que des missions courtes », explique-t-il. Loin, très loin, des conditions avantageuses que proposait Écomouv’ à ses salariés.
« À la maison depuis décembre », Djamel n’a pas attendu que la cellule de reclassement soit en place (depuis avril) pour rechercher un nouvel emploi. Il dit « avoir plusieurs cordes à son arc » et être prêt à s’engager dans une nouvelle voie professionnelle.
Christine (*), 35 ans
Cela fait moins d’un mois que Christine est au chômage. Salariée «protégée», elle explique que ces derniers mois ont été « durs moralement . Le seul bon côté, c’est que j’ai pu accompagner mes enfants à l’école tous les jours. » Mais pour ce qui est de retrouver un emploi, la jeune femme se sent « bloquée, démunie ».
Avec des propositions de job pas en phase avec son niveau de qualifications (bac+5) et les critères du plan social. « Je sais que certains ont des pistes au Luxembourg, moi, je vais sans doute me tourner vers l’Allemagne. J’aurai sans doute plus de chance là-bas. Car en France, c’est devenu un fardeau, un boulet sur notre CV, d’avoir travaillé chez Écomouv’. »
Fabien Surmonne (Le Républicain lorrain)
(*) Les trois ex-Écomouv’ n’ont pas voulu donner leur identité