Plusieurs mois d’enquête en 2019 ont permis de mettre un coup d’arrêt à un important trafic de stupéfiants entre les Pays-Bas, Metz et Nancy. Neuf prévenus ont été jugés par le tribunal de Thionville qui a prononcé des peines allant jusqu’à quatre ans ferme.
Des centaines de conversations épluchées, des comptes bancaires détaillés, des filatures couchées sur des rapports, d’innombrables photos de scellés, le tout formant d’épais dossiers empilés sur la table des magistrats. Neuf prévenus comparaissaient mardi 11 mai devant le tribunal correctionnel de Thionville présidé par Alexandre Gantois. Tous soupçonnés de constituer l’ossature d’« un trafic organisé » de produits stupéfiants entre les Pays-Bas, Metz et Nancy.
Il faut remonter à 2019. L’une des mises en cause, alors âgée de 24 ans, poste sur les réseaux sociaux une photo sur laquelle on peut voir, en fond, une importante quantité de drogue. L’enquête démarre et mène les policiers à un numéro en Hollande. Des investigations aux frontières mettent les enquêteurs sur la piste d’une Mercedes Classe A, louée par un certain Youssef Hamiane, repérée chaque semaine circulant entre la France et les Pays-Bas, et d’une BMW série 1 appartenant à Sofian Siabdallah. Ils suspectent un « important trafic » d’herbe et de résine de cannabis qui prend sa source à Rotterdam, transite par Metz, rue Gaston-Zeller, puis s’achève dans le sous-sol d’un pavillon à Jarville-la-Malgrange près de Nancy.
« De bons moments entre amis »
Six hommes et trois femmes ont participé à ces raids sous couvert de week-ends festifs en Hollande. « On y allait pour passer de bons moments entre amis, à fumer au coffee-shop, à faire les boutiques », résume les trois filles dont la présence dans la voiture chargée de produits stupéfiants servait « de couverture ». Un deuxième véhicule était lui aussi du voyage, roulant devant pour « ouvrir la voie ».
Le 28 septembre 2019, les forces de l’ordre décident de passer à l’action et interpellent la BMW au retour des Pays-Bas. Dans le coffre, ils découvrent un carton contenant 3,650 kg de résine de cannabis. Les perquisitions s’enchaînent dans la foulée. 2 grammes de cocaïne, 1,7 kg de produits de coupe, une arme de poing, des téléphones portables, plusieurs milliers d’euros en liquide et une vingtaine de kilos de cannabis sont saisis.
Pourtant, à la barre du tribunal, un à un, les prévenus reviennent sur leurs déclarations, minimisant leur implication, celle des copains. « Pour tout le monde, tout ça n’est qu’un malentendu », raille le représentant du parquet, Adrien Fauchier-Delavigne, qui requiert jusqu’à six ans de prison ferme pour celui qu’il qualifie de « moteur ».
« Des débats stériles », « des raccourcis », « des constructions intellectuelles », « un château de cartes » : les avocats des parties civiles ont pilonné une « longue » instruction (deux ans) reposant sur des « calculs ».
Reconnus coupables, les neuf prévenus écopent de peine allant de quatre ans pour Sofian Siabdallah, trois ans pour Youssef Hamiane, quatorze mois pour Youssef Amaimoune, seize mois dont quatre avec sursis probatoire pour Ludovic Cassebras, à du sursis pour les moins impliqués.
Catherine Roeder (Le Républicain Lorrain)