Jusque-là concurrentes sur le plan touristique, Lorraine, Alsace et Champagne-Ardenne commencent à travailler ensemble. Si l’Alsace y apparaît comme le moteur majeur, la future organisation pose question.
Le zoo d’Amnéville n’est plus le site régional le plus fréquenté. Nouvelle région Grand-Est oblige, le parc a été détrôné par les bateaux-promenades de Strasbourg. Voilà désormais la Lorraine imbriquée dans un vaste ensemble. Il est composé d’un mastodonte du tourisme, l’Alsace, d’une appellation dont le nom pétille dans le monde entier, la Champagne et d’un petit Poucet qui regorge d’atouts mais a du mal à se défaire de son sempiternel déficit d’image et de notoriété, la Lorraine.
Administrativement, en tout cas, les trois régions se préparent à ne faire plus qu’une. Pour la première fois, l’agence d’attractivité alsacienne et les comités régionaux du tourisme de Lorraine et de Champagne-Ardenne ont publié un document commun présentant les chiffres clés du tourisme en Grand-Est. Un secteur primordial, fort de ses 82 000 emplois non délocalisables, soit 4,1 % de l’emploi total dans le Grand-Est. En 2015, ses retombées économiques auprès des fournisseurs locaux de biens et services s’élèvent à 6,1 milliards d’euros. Une manne loin d’être non négligeable. Entre 2012 et 2014, le secteur a en outre concentré 366 millions d’euros d’investissements en équipements et hébergements.
Sans surprise, on constate surtout, dans ce document, la très nette suprématie alsacienne. Elle concentre à elle seule 42,7 % des emplois, 46 % de l’offre hôtelière et la moitié des 13,4 millions de nuitées qu’elle a engendrées en 2015. Contre 28 % en Lorraine et 22 % en Champagne-Ardenne. Elle possède aussi 41 % de l’offre en meublés et en chambres d’hôtes. Et place quatre de ses sites parmi les plus fréquentés du Grand-Est. Contre un seul en Champagne-Ardenne et cinq en Lorraine.
Des clientèles différentes
Si la fréquentation des sites lorrains est en baisse de 4 % en 2015, l’ex-région sait pouvoir s’appuyer sur trois pôles majeurs : les Vosges, la destination phare hiver comme été ; Amnéville avec son pôle de loisirs excessivement attractif qui place quatre de ses sites dans le Top 10 lorrain et la Meuse, valeur sûre du tourisme de mémoire, particulièrement en cette année de centenaire de la bataille de Verdun qui devrait provoquer des records d’affluence. Autant d’atouts qui font que la Lorraine grignote des parts de marché. Son hôtellerie de tourisme affiche une hausse d’activité de 2 % par rapport à 2014 et celle de plein air de 13 %. Cette dernière constitue le point fort de la Lorraine. Elle concentre 45 % de l’offre de campings du Grand-Est et 50 % de celle d’hébergements collectifs.
Autant de spécificités qui font que ces trois régions drainent des publics étrangers très différents. Les Allemands sont ainsi très friands de l’Alsace. La clientèle belge lui préfère la Lorraine. Tout comme les Hollandais qui affectionnent tout particulièrement ses campings quand ils descendent ou remontent du Sud. La Champagne-Ardenne s’impose comme la terre d’accueil majeure des Britanniques. Un panel très varié qui laisse imaginer de belles perspectives si les trois régions arrivent à développer des synergies.
Philippe Marque (Le Républicain Lorrain)