À la demande de la ville de Yutz, Portes de France-Thionville va cofinancer une étude de révision du tracé du bus à haut niveau de service.
Pour une fois, ce n’est pas une affaire thionvillo-thionvilloise», s’étonnerait presque le président de l’agglomération Pierre Cuny. L’intervention de Pascal Landragin a exporté un différend «yusso-yussois» sur la table de Portes de France-Thionville, la semaine dernière. Le leader d’opposition à Yutz a exprimé son point de vue relatif à l’examen du point 14 inscrit à l’ordre du jour :
«Ce rapport émane d’un des trois groupes politiques de Yutz et non pas du conseil municipal. C’est différent. Cela amène d’ailleurs à questionner sa légitimité.» Ledit rapport se compose de «différentes remarques et propositions sur le tracé du futur bus à haut niveau de service». Dit plus simplement : il scelle la volonté de la Ville de Yutz de modifier l’itinéraire défini sous l’ère Bruno Sapin, l’ancien maire yussois.
«Nous concernant, ce rapport a été présenté par la commune après débat en conseil municipal», balaye Patrick Becker, doublement concerné par l’affaire en sa qualité de vice-président de l’agglo et du Smitu (syndicat mixte des transports urbains Thionville Fensch). «À la suite des dernières élections municipales, il y a eu un changement de municipalité et d’idéologie du tracé. On ne va pas passer en force contre une majorité.» Fin de la querelle intestine.
Une histoire qui tournait en rond
Dans sa configuration initiale , le tracé du BHNS prévoit d’emprunter l’artère principale qui irrigue le cœur de Yutz : l’avenue des Nations. Une zone de grand trafic, régulièrement congestionnée. Clémence Pouget souhaiterait voir émerger une voie de contournement qui desservirait la partie sud de la ville, comme la Terrasse des Provinces.
«Maintenant, il faut vérifier la viabilité et la faisabilité de ce trajet», tempère la maire de Yutz. «Il nous faut des données objectives pour voir si ce tracé permettra à un maximum de personnes d’utiliser le BHNS et de laisser leur voiture au garage.»
La pertinence de ce nouveau tracé nécessite de diligenter une nouvelle étude socioéconomique et démographique. Montant de celle-ci : 63 000 euros. L’agglomération a acté la prise en charge de 50 % de cette dépense, soit 31 500 euros. Le reste étant réglé par le Smitu. «Pourquoi n’est-ce pas la commune de Yutz qui finance ?», s’interroge Olivier Postal, vice-président de Portes de France-Thionville.
«J’ai voulu débloquer cette situation car rien n’avançait», répond et assume Pierre Cuny, en insistant sur le caractère structurel de ce bus électrique, espéré pour 2026. «C’est un projet à 200 millions d’euros, on ne peut pas se permettre de tourner en rond. Et si l’on finance, c’est aussi parce que c’est notre tracé, pas que celui de Yutz. Cela concerne aussi son prolongement à Basse-Ham.» En somme, cette affaire dépasse le simple cadre «yusso-yussois».
De «petites modifications»
Le BHNS qui reliera en 2026 la vallée de la Fensch à Thionville et ses environs est entré dans sa phase opérationnelle avec la construction de deux ouvrages d’art, l’un enjambant la Moselle et l’autre les voies ferrées. Les travaux de voiries sont aussi sur les rails et devraient s’étirer jusqu’en 2025.
Deux lignes – la verte et la rouge – mises en service début 2026 transporteront les voyageurs entre Hayange et Basse-Ham et entre Metzange et Yutz en passant par Thionville centre. Si le parcours est désormais figé, quelques petites modifications du tracé sont envisagées.
Notre-Dame de la Providence à Thionville Le premier changement concerne Thionville. Le BHNS qui devait initialement passer devant la sous-préfecture, rue du Général-de-Castelnau, sera dévié vers l’ensemble scolaire Notre-Dame-de-la-Providence, place Notre-Dame, pour profiter directement aux quelque 3 000 élèves de l’établissement.
Zone Meilbourg à Yutz Autre demande formulée, cette fois, par Pierre Cuny, président de la communauté d’agglomération Portes de France-Thionville, l’extension du tracé vert qui relie Metzange à Yutz jusqu’à la zone d’activité Meilbourg, là où un futur pôle médical avec notamment le transfert de la clinique Ambroise-Paré, est en projet.
«Deux terminus sont actuellement à l’étude, l’un à Mermoz et l’autre à Ambroise-Paré, ça, c’est une nouveauté, confirme Isabelle Colnot, directrice générale du Smitu. Techniquement, cela ne poserait pas de problème.»
Catherine Roeder – Le Républicain Lorrain