Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Après une longue enquête, les tenanciers d’un restaurant sont poursuivis pour des faits présumés d’escroquerie, abus de confiance, banqueroute.
Sur la porte d’entrée, une bande rouge mentionnant « scellé ne pas ouvrir » plante le décor.
En cette fin de semaine, les gendarmes de la brigade de recherches de Thionville viennent de mettre fin à une enquête de plusieurs années concentrée sur les agissements estimés frauduleux d’un restaurateur du centre-ville thionvillois. Selon eux, l’affaire familiale cumule des agissements douteux : gestion opaque et irrégularités administratives et financières, dont le montant du préjudice dépasserait les 800 000 euros, notamment à l’encontre du Crédit immobilier de France.
Des affaires au Luxembourg
Au début des années 2010, alors que le business battait jusque-là son plein, une première liquidation judiciaire intrigue. Différentes sociétés immobilières se succèdent pour continuer à exploiter l’établissement, mais l’enquête révèle que les protagonistes successifs restent les mêmes. Un neveu, une tante, un oncle, poursuivis aujourd’hui pour abus de confiance, escroquerie, faux en écriture et travail dissimulé.
Leurs affaires s’étendent même au-delà des frontières nationales, au Grand-Duché, pensent les gendarmes. Mais pour eux, il s’agit d’abord de démontrer que l’arnaque s’opère en premier lieu sur le périmètre du Nord mosellan.
En épluchant le dossier durant des mois, les enquêteurs découvrent que la société qui exploite l’établissement – gérée par l’un des membres de la famille – est censée rembourser celle qui est propriétaire des murs – un autre membre de la même famille –, mais ne le ferait pas. Le premier concerné empocherait directement l’argent, sans passer par la case remboursement des dettes auprès du Crédit immobilier de France.
Scellés forcés
Et pendant plusieurs années, la vie du resto est rythmée par les procédures commerciales, les liquidations judiciaires. La dernière remonte à jeudi. Juste après, des scellés ont été posés sur la porte du restaurant. Scellés qui ont d’ailleurs été forcés dès le lendemain.
Aujourd’hui, c’est la justice qui s’intéresse à la famille. Neveu, tante, oncle ont été présentés vendredi devant le vice-procureur de la République de Thionville, qui chapeaute l’enquête. Tous trois devront s’expliquer, au printemps, devant le tribunal correctionnel de Thionville, sur les infractions qu’on leur reproche. L’audience est prévue le 23 avril.
En attendant, ils ont été placés sous contrôle judiciaire. Lequel comporte l’interdiction de se rencontrer, d’exercer une activité commerciale, de paraître au restaurant.
Emmanuel Correia et Frédérique Thisse (Le Républicain Lorrain)
