Une manière différente d’appréhender la ville, la redécouvrir par le prisme d’un récit d’anticipation, c’est ce que propose Khôra. Né à Strasbourg, ce projet permet de découvrir les textes proposés par l’auteure Luvan et préfigure un projet qui interviendra dans le cadre d’Esch 2022.
Tout commence par une injonction, le temps de planter le décor. « Oublie Thionville telle que tu la connais. » Le lieu est le même, le temps un lointain futur imprécis, « après la Chute. » Dans le casque (car c’est bien par le biais d’un casque audio que l’aventure s’apprécie pleinement), une voix déroule Khôra, présente le contexte de cette suite de récits éclatés à visiter par le biais de l’application pour smartphone GOH.
Afin d’en profiter (gratuitement), des peintures permettant de télécharger l’application sur son terminal portatif ont été dispersées au sol en différents endroits du centre-ville. Le téléchargement ne dure que quelques minutes et la balade peut-être lancée.
« C’est un projet audio et géographique dans le même ordre d’idée que Nous autres, qui avait été proposé il y a plusieurs années. Il permettait de glaner ici et là des récits de vie. Khôra est un projet développé par le collectif strasbourgeois Ensemble 2.2 », situe Thierry Benoît, directeur adjoint de Puzzle. « Aujourd’hui, nous bénéficions en quelque sorte d’une version bêta de l’application qui sera développée dans le cadre d’Esch, capitale de la culture 2022. »
Des balises mémorielles à collecter
L’aventure démarrée, une carte s’affiche à l’écran. Flottant en surimpression au-dessus du centre de Thionville, des pastilles jaunes. Autant de points à visiter, le trajet bercé par des sons d’ambiance, de vie, du temps qui passe. Une fois à proximité de ces lieux, un récit se lance.
La tour en biais, la pie voisine, un soir de musique autour du camp… Autant d’histoires de personnages s’ouvrant à de nouveaux sens. Et dans ces textes, nature et animaux sont omniprésents tant en images évoquées qu’en vocabulaire. Pas un mot de plus sur la nature des histoires ici, afin de ne rien divulgâcher.
« L’intégralité des textes a été écrite par l’auteure Luvan, publiée chez La Volte, la maison d’édition d’Alain Damasio. Le but de ce projet est, en fin de compte, de pouvoir travailler avec de vrais écrivains, c’est en se sens qu’elle est venue à Thionville afin de découvrir l’endroit, de s’en inspirer, précise Thierry. La ville et ses lieux, remarquables ou non, servent de décors au récit. »
De la gare routière au pont des Alliés, du parc Napoléon au parc Wilson, le terrain de jeu couvre une bonne surface. « Mais il était initialement prévu que cela aille beaucoup plus loin. Cela a été un peu réduit pour des raisons de praticité. » Le cas échéant, le récit peut évidemment être téléchargé en amont, pour les connexions les plus fragiles. Pour en profiter, en revanche, il faudra bien marcher.
David Hourt (Le Républicain lorrain)