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Thionville : un marché locatif «en surtension»


«Un studio meublé peut atteindre 700 euros», assurent des professionnels du secteur. (photo le RL)

Trouver un appartement à louer à Thionville relève du miracle en ce moment. En cause : un faible turn-over et une hausse spectaculaire des loyers.

«Surtension», «tendu», «contracté», etc. Les qualificatifs employés par les professionnels de l’immobilier pour décrire l’état actuel du marché locatif thionvillois versent tous dans le même champ lexical : celui du malaise, «du moins pour les locataires, souffle un agent immobilier de la place. Du côté des propriétaires, il n’y a par contre aucune crainte à avoir sur le taux d’occupation de leur logement».

«En moyenne, l’annonce d’un bien reste en ligne… une seule journée. Par contre, le délai de traitement est de trois jours avant qu’elle ne disparaisse du net», témoigne la responsable des transactions locatives à Orpi. À ses yeux, chaque dossier se ressemble : «Entre 25 et 30 candidats à chaque fois. Et la plupart ont un lien avec un stage ou un emploi au Luxembourg.»

C’est donc une masse uniforme de postulants, présentant des garanties financières rassurantes, qui entrent en concurrence. «C’est souvent délicat pour le propriétaire de faire son choix tant les dossiers sont bons», observe Vincent De Vreese, de l’agence Re/Max Immo Group. Ce dernier reconnaît l’envolée des loyers pratiqués ces derniers mois : «Certains propriétaires n’hésitent pas à fixer le loyer d’un studio meublé à 700 euros. Bien souvent, ça passe…»

La percée des colocations

Le segment de niche de la colocation, en plein essor ces derniers temps, participe à rendre encore plus aride ce désert locatif thionvillois. Attirés par les excellents rendements offerts par ce dispositif, les investisseurs n’hésitent plus à sanctuariser des immeubles entiers d’une surface moyenne de 500 m² : «C’est un phénomène qui prend de l’ampleur», confirme Vincent de Vreese, lequel a finalisé une trentaine de dossiers de ce genre en centre-ville.

«Le retour sur investissement est très bon avec des chambres qui se négocient aux alentours des 500 euros.» «Peu d’offres, beaucoup de demandes : l’équation est connue», résume l’agent immobilier. Cette balance déficitaire des logements mis sur le marché dope les tarifs au mètre carré. Une ascension fulgurante qui renforce le faible turn-over constaté à Thionville.

Sébastien, jeune quadragénaire qui réside depuis 2012 dans un appartement situé dans le quartier cossu bordant la sous-préfecture, a ainsi remisé à plus tard ses envies d’ailleurs : «Je paye 800 euros pour un 95 m². En dix ans, mon loyer a augmenté de 60 euros. Je trouvais ça élevé, et puis, en jetant un coup d’œil sur les prix du moment, je n’ai plus l’intention de lâcher cet appartement.»

Cet exemple caractérise parfaitement l’atonie de l’offre locative. Une situation qui pourrait s’aggraver avec le recul du volume des prêts immobiliers : «Avec le taux d’usure actuel, beaucoup de gens éprouvent des difficultés à acheter. Ils ont donc tendance à se replier sur le locatif.»