L’orgue de l’église Saint-Maximin sera-t-il bientôt classé aux Monuments historiques ? Le dossier est en cours d’instruction ; la Conservation régionale a mandaté deux experts, ce mardi encore, pour écouter toutes les variations de l’instrument. Un travail rare.
Le beffroi, le pont écluse sud, la porte de Sarrelouis , le vieux château de Volkrange… À Thionville, une douzaine de sites ou éléments architecturaux sont inscrits ou classés Monuments historiques. Aujourd’hui, un petit dernier pourrait y faire son entrée : il s’agit de l’orgue de l’église Saint-Maximin , dont la demande de classement a été faite dernièrement. « Cela compléterait l’ensemble, puisque le buffet de l’orgue et l’église Saint-Maximin sont déjà classés », relève le directeur du Patrimoine de la Ville.
3 500 tuyaux
Avec ses 3 500 tuyaux complètement restaurés en 1969 par un certain Alfred Kern, l’instrument fait en effet partie de ces objets mobiliers présentant un réel intérêt artistique et patrimonial.
« Pendant longtemps, on a considéré que ce qui n’avait qu’une cinquantaine d’années ne pouvait pas avoir de valeur. Cette position est en train de changer », admet Christophe Mantoux, organiste et expert de la chose auprès du ministère de la Culture. Ce mardi, il est venu écouter l’orgue néoclassique qu’il connaissait de réputation mais pas assez intimement pour porter un jugement. Après une heure d’écoute, où toute la palette des variations a été interprétée, Christophe Mantoux a enfin pu travailler.
« Je dois me positionner sur la valeur musicale de l’instrument en essayant d’être objectif, ce qui est par définition très difficile ! Je ne peux procéder que par comparaison », indique l’expert, évidemment musicien talentueux, titulaire de l’orgue de l’église Saint-Séverin, à Paris. Enthousiaste, l’expert estime avoir découvert « un instrument entièrement homogène et préservé. L’esthétique est celle des années 60-70 et ne s’est pas démodée ».
La marque de la maison Kern
L’orgue thionvillois a ceci de remarquable qu’il est passé entre les mains du facteur d’orgues alsacien Alfred Kern. Ce nom n’évoque peut-être pas grand-chose au commun des mortels ; mais, pour les amateurs d’orgue, c’est une autre histoire. La maison Kern a longtemps exporté ses instruments à travers le monde, quand elle ne les a pas fabriqués pour des édifices remarquables, comme la cathédrale de Strasbourg. Par exemple. À Thionville, de nombreux organistes internationaux sont venus enregistrer des disques dans les années 80-90.
Une documentation impressionnante a déjà été consignée dans un premier rapport, fait par un autre expert du genre, Christian Lutz. L’étape d’après, ce sera l’envoi du dossier à la commission nationale, à Paris. Le retour n’est pas attendu avant plusieurs mois, d’autant que la pandémie de Covid a fait s’accumuler du retard.
Christelle Folny (Républicain Lorrain)