Selon une récente étude de la Chambre de commerce et d’industrie de Lorraine, cette zone commerciale est la plus fréquentée de la région.
C’est l’un des plus anciens pôles commerciaux de Lorraine. Quarante-cinq ans après ses premières implantations, la zone du Linkling, à Thionville, tient toujours le haut du pavé. Dans son classement 2015 des destinations d’achats des ménages lorrains, l’Observatoire du commerce et de la consommation de la Chambre de commerce et d’industrie de Lorraine (CCI) la classe en tête. Elle concentre 3,5 % de la dépense commercialisable de la région. Soit autant que le centre-ville de Nancy.
Si on y ajoute la manne étrangère, le Linkling devient le leader incontesté, compte tenu de sa proximité avec les frontières. Un succès jamais démenti, qui ne peut être réduit au très attractif pouvoir d’achat de sa population, boosté par l’emploi au Luxembourg. Car le Linkling s’est construit autour d’une histoire unique. On la doit à une soixantaine de commerçants thionvillois, aussi indépendants que visionnaires.
Des commerçants dans le sens du vent
En 1971, face au boom de la grande distribution, ils s’associent via un groupement d’intérêt économique (GIE) pour créer leur propre centre commercial, le Geric, en légère périphérie. La locomotive, seulement vendue l’an dernier à une foncière de Carrefour, accueille 7,5 millions de visiteurs par an. Elle ouvre une zone qu’un autre mastodonte, Leclerc, vient fermer. Linkling 1, puis 2, puis 3, les mètres carrés de surfaces commerciales situés entre n’ont cessé de gonfler. Si les enseignes – à part une de prêt-à-porter haut de gamme unique en son genre, CJ Couture – n’ont rien à envier aux zones concurrentes, le Geric reste le garant de cet esprit si particulier qui anime le Linkling. «On a tous Thionville au cœur. Notre bal annuel des commerçants réunit plus de 500 personnes», explique Maud Korsec.
La directrice générale du Geric explique aussi ce succès par «une bonne intelligence d’aménagement» : «Ce pôle a été pensé de manière globale, avec la proximité de l’autoroute et du cœur de ville, mais aussi des dessertes efficaces qui permettent de bons flux entrants et sortants.» La zone peut enfin s’appuyer sur un avantage qui ne fera que se renforcer à l’avenir : les flux de travailleurs frontaliers toujours plus importants.
Le classement de la CCI livre deux autres enseignements majeurs. Si 70 % des achats se font désormais dans ces zones périphériques, les centres-villes des grandes agglomérations, à la différence de ceux des villes moyennes, résistent encore plutôt bien. Ceux de Nancy et de Metz occupent les deux autres marches du podium. Ils devancent de peu les deux zones qui ont poussé dans leurs périphéries : Actisud (Augny-Moulins-Jouy) et Porte du Sud (Heillecourt-Houdemont).
Plus inquiétant, internet capte 5,8 % de la consommation courante des ménages lorrains. Ce qui en fait finalement la première destination d’achats des Lorrains. Bien avant le Linkling.
Philippe Marque (Le Républicain Lorrain)