Le rassemblement évangélique de Grostenquin arrivé à son terme, les forces de l’ordre s’attendaient dimanche 30 août à vivre les premiers grands départs des gens du voyage.
Normalement tout devait bien se passer puisque tout était balisé, planifié… Sauf que ça ne s’est pas passé exactement comme cela aurait dû l’être. Un convoi de plus de 300 caravanes était en effet attendu ce dimanche sur la Zone de la mine, entre Villerupt et Audun-le-Tiche. Deux motards étaient d’ailleurs chargés d’escorter le cortège. Mais au denier moment, les caravanes ont bifurqué vers Thionville. Motif : le site de la Zone de la mine, venant d’accueillir une autre importante délégation de gens du voyage, ne serait plus sanitairement apte pour un nouvel arrivage.
Alors direction Garche, une annexe de quelque 1 200 habitants, complètement abasourdis de voir débouler sous leurs fenêtres, à l’heure de la sieste, toute une flotte de maisons ambulantes. Les premières prennent possession d’un champ de 3 hectares jouxtant le terrain de foot, n’hésitant pas à renverser la clôture pour forcer leur passage. Damien Max, l’agriculteur et propriétaire du terrain, n’en revient pas. « Le plus incroyable, c’est qu’on les laisse faire », peste-t-il.
Dialogues de sourds
Rapidement, les forces de l’ordre et Anne Grommerch, maire de Thionville, arrivent sur les lieux. Et suspendent l’envahissement du terrain. « On ne peut pas accueillir 300 caravanes ici, c’est juste pas possible », fulmine-t-elle. « Le problème, c’est qu’ils ne veulent pas être séparés. Mais à un moment, il faut être sérieux », n’hésitant pas à donner ensuite son accord à une quarantaine d’entre eux pour s’installer provisoirement sur le parc de Volkrange. « Le souci, c’est qu’il n’existe toujours pas d’aire de grand passage sur le secteur Nord de la Lorraine alors que celle-ci est inscrite depuis longtemps sur le schéma départemental », regrette le sous-préfet de Thionville, Thierry Bonnet. Alain Carton, secrétaire général de la préfecture, est quant à lui mandaté pour faire office de médiateur. Damien Dax refuse catégoriquement de prêter son terrain et les représentants des gens du voyage ne comprennent pas pourquoi ils ne peuvent pas rester. Dialogue de sourds.
Pendant ce temps, Anne Grommerch se débat pour trouver une aire d’accueil. Il y aurait bien celle de Metz mais Jean-Luc Bohl, président de l’agglo’messine la rappelle pour lui signifier que celle-ci est déjà prise. Un terrain près de Cattenom leur est alors proposé mais les deux missionnaires ne le jugent pas adapté. Vers 19 h 30, alors que tous les habitants du village ont afflué jusqu’à son exploitation, Damien Dax se propose de les accueillir sur un autre de ses terrains, à Koeking. Un terrain… d’entente est enfin trouvé. « Nous allons signer une convention pour que tout soit fait dans les règles », assure toutefois Anne Grommerch, promettant « un suivi très strict. »
Le plus incroyable dans cette histoire étant donc qu’il est revenu à l’agriculteur envahi de trouver une solution de repli à ses occupants…
Olivier Menu (Républicain Lorrain)