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Thionville : l’Association d’aide aux victimes devant les prud’hommes


Les locaux de l’Association thionvilloise d’aide aux victimes se trouvent au palais de justice, quai Marchal, et rue de la Tour à Thionville. (illustration RL/Pierre Heckler)

La juriste de l’Association thionvilloise d’aide aux victimes demande l’annulation de la mise à pied dont elle a fait l’objet en 2017. Elle conteste les accusations portées contre elle par les bénévoles. L’affaire se règle aux prud’hommes.

L’Association thionvilloise d’aide aux victimes (Atav) a plutôt l’habitude d’être en retrait, dans l’ombre, au soutien des personnes confrontées malgré elles à la machine judiciaire. Cette fois, elle se retrouve au cœur du conflit. Sa juriste et coordinatrice, salariée depuis 2006, a saisi les prud’hommes. L’audience s’est tenue à Metz mercredi.

L’employée conteste un courrier de recadrage et une mise à pied disciplinaire de trois jours. « Tout a basculé en 2017 alors qu’elle a toujours donné entière satisfaction au président de l’association », résume son avocate, Me Cécile Cabaillot. D’ailleurs, la juriste fait encore partie des effectifs. L’Atav compte trois salariés et une quinzaine de bénévoles.

« L’entretien s’est transformé en lynchage »

En février 2017, l’employée reçoit un premier courrier. « Un avertissement », traduit son avocate. La lettre porte sur des frais de déplacement ou encore sur une erreur de facturation. Selon Me Cabaillot, les griefs ne sont pas fondés. Ils sont surtout prescrits. « Le président de l’association est un avocat qui exerce au barreau de Thionville, il ne pouvait ignorer la prescription. »

Dans un deuxième temps, l’avocate vise la mise à pied de la salariée en décembre 2017, relative à son comportement envers les bénévoles en particulier. Elle en soulève l’irrégularité. « L’entretien préalable s’est transformé en procès, en lynchage », ajoute-t-elle.

Elle balaie aussi les motifs salés sur lesquels la procédure disciplinaire est fondée : comportements déplacés, reproches, propos insultants et humiliants envers l’équipe. Des faits « trop imprécis » et prescrits là encore. « Les attestations fournies ont été produites pour les besoins de la cause. Le contexte brossé ne correspond pas à la réalité », insiste l’avocate. Elle cite notamment la compilation de mails, de messages, de photos complices entre la juriste et des bénévoles plaignants.

Enfin, Me Cabaillot en profite pour rappeler que le rôle de la coordinatrice est, par nature, de « superviser, améliorer et recadrer le travail des bénévoles si besoin ». Au total, les dommages et intérêts demandés se chiffrent à près de 10 000 euros.

« Mépris, dénigrement… »

« Abusif », s’étrangle l’avocat de l’Atav, Me Lionel Houpert. Tout comme ce procès, selon lui. Il commence d’ailleurs à plaider en glissant que la perte de salaire pour l’employée est de 315 euros bruts.

Puis l’avocat thionvillois revient sur cette réunion qui a délié les langues des bénévoles en octobre 2017. Il renvoie le conseil de prud’hommes sur « les attestations édifiantes des bénévoles, étayées sur plusieurs pages ». Me Houpert les résume en trois mots : « Mépris, dénigrement, souffrance ».

« Trois jours de mise à pied, j’ai tendance à considérer que c’est léger au vu des attestations. » Pour lui, la procédure disciplinaire a été faite dans les règles et en application des statuts de l’association. « Il n’y a pas eu de mise au placard. » Mais, dans cette affaire, l’Atav juge que son image en a pris un coup. Elle réclame même 5 000 euros de dommages et intérêts.

Réponse le 29 mai.

Frédérique Thisse (Le Républicain lorrain)