Sale ambiance dans le milieu de l’immobilier en Moselle Nord. Sur fond de guerre des promoteurs, un professionnel thionvillois estimant être « empêché de travailler » a même saisi un juge d’instruction et pointe du doigt élus et concurrents.
Une plainte, des questions de journaliste et c’est tout le landerneau politique thionvillois qui s’agite. Le signe, probablement, d’une grande fébrilité à quelques jours du premier tour des municipales. L’affaire, comme l’évoquent certains, touche le milieu de l’immobilier et s’apparente à une guerre des promoteurs.
René Hombourger, patron de Duho Immobilier, a saisi un juge d’instruction. Il décrit un système de collusion entre d’autres professionnels de la place et des élus. Il a porté plainte, courant 2019, contre X mais cite certaines sociétés, dont le groupe Habiter, et des élus aux manettes de l’urbanisme local. « On ne peut plus travailler. Je ne suis pas seul dans ce cas », se plaint le professionnel installé de longue date le secteur. Pour l’instant, il est le seul à le dire à haute voix.
René Hombourger n’a jamais hésité à contester la validité ou la conformité d’un permis de construire, les conditions de vente de certains terrains dans le Nord mosellan. Il a déjà saisi par le passé le tribunal administratif au sujet du prix de vente, qu’il jugeait extrêmement avantageux, des bâtiments de l’ancienne auberge de jeunesse et maison des associations Raymond-Queneau à Thionville, un projet dans lequel apparaît le groupe Habiter présidé par Stéphane Noël. Le TA ne s’est pas encore prononcé dans ce dossier.
« La crainte de procédures… »
Le professionnel a aussi alerté la justice sur les terrains de la rue Laydecker, un dossier dans lequel l’opposition avait ferraillé. La commune était désireuse de vendre plusieurs hectares à Habiter Promotion et Demathieu/Bard au prix moyen de 47 euros le mètre carré. À deux pas de là, les terrains sur la commune de Terville ont été cédés « à 60 euros le m² pour la partie commerciale et 120 le m² pour l’habitat », selon la municipalité contactée il y a quelques semaines.
À Thionville, la délibération du 18 décembre 2017 a finalement été annulée. « Ça ne s’est pas fait parce qu’on voulait que la ligne électrique soit enterrée et Habiter ne pouvait pas le faire », expliquent Pierre Cuny, le maire de Thionville, et Roger Schreiber, son adjoint à l’urbanisme, par ailleurs président du Syndicat mixte du schéma de cohérence territoriale de l’agglomération thionvilloise. Stéphane Noël prolonge : « L’enfouissement de la ligne coûtait un million d’euros, et on se trouvait sur un bilan déficitaire. » « C’est surtout en raison de la crainte de procédures judiciaires », grincent leurs contradicteurs.
« Pas de favoritisme chez nous »
« C’est faux, c’est n’importe quoi ! Il faut arrêter avec les liens supposés avec Stéphane Noël, rétorque le maire. Je le connais très peu. Il a un projet sur Thionville, rue du Vieux-Collège, un dossier compliqué par des fouilles archéologiques. Il a la surface financière pour le faire. Sinon, Habiter est très présent parce que le groupe rachète des biens à des particuliers et les restaure. La mairie n’a rien à voir avec ça. Vous savez, tout le monde travaille à Thionville. On ne peut pas parler de favoritisme chez nous. »
Kevin Grethen (Le Républicain Lorrain)