Fastidieuse, l’obligation pour les cafetiers de vérifier les pass sanitaires se double d’une autre difficulté : échapper aux faussaires. Pour eux, la non-justification du pass, en cas de contrôle de police, se révèle moins préjudiciable que d’en présenter un faux. Pas pour le commerçant qui, lui, trinque.
« Votre pass, s’il vous plaît ? » Dans ce bar en vue de la place thionvilloise, la mécanique est bien huilée. La question est toujours servie avant l’apéro, « on contrôle tout le monde, tous les jours et même nos habitués. » Pas de passe-droit, donc. La brigade de serveurs, rappelée quotidiennement à ses devoirs, scanne jusqu’au bout de la nuit. Une rigueur qui se heurte toutefois à une clientèle, « minoritaire », de faussaires. La mésaventure vécue par cet établissement illustre les difficultés rencontrées par la profession.
C’est l’histoire d’un client qui s’installe en terrasse et présente au serveur son précieux sésame numérique. Paradoxalement, ce même client tente de se soustraire au contrôle de police amorcé dans la foulée. Une fuite sans issue. Coincé, il déclare ne pas être en possession de son pass sanitaire : « Alors même qu’on l’avait bien scanné quelques minutes plus tôt », certifie le patron du débit de boissons.
Cette amnésie passagère s’explique aisément. Le manquement lui vaut une “simple” amende de 135 € là où l’utilisation frauduleuse du pass d’un tiers fait passer la douloureuse à 750 €.
Le calcul, largement profitable au client, ne fait pas les affaires du cafetier. Son système ne lui permet pas d’accéder à l’historique des QR code enregistrés dans la journée. Dans le cas présent, les forces de l’ordre lui reprochent donc un défaut de contrôle : « Dans cette affaire, c’est ma parole contre celle du client. »
L’incident serait remonté jusqu’en sous-préfecture de Thionville. D’où pourrait se décider une sanction « injustifiée. Une amende et, surtout, une fermeture administrative de sept jours », redoute le commerçant, un brin excédé.
Quelques jours auparavant, il avait déjà été victime d’un imbroglio cette fois sans conséquence : « Une femme me présente son pass sanitaire. Puis elle se fait contrôler par la police dans le bar. Problème : son téléphone n’avait plus de batterie. Je ne vais quand même pas acheter des chargeurs pour prouver ma bonne foi ! »
Menace d’une fermeture administrative
Autre cas particulier qui s’écrit, cette fois, sous le toit du bar L’Excelsior de la place Claude-Arnoult. Sonia, cogérante de l’affaire, fait du rangement dans la réserve à l’heure de la fermeture. Un client passe la porte, ne voit personne au comptoir et file aux toilettes. Lorsqu’il en ressort, un homme en uniforme l’invite à présenter son pass sanitaire : « Il a dit qu’il n’en avait pas et que nous ne l’avions pas contrôlé », déplore Sonia.
Résultat des courses : son établissement écope d’un avertissement : « On vit désormais avec la menace d’une fermeture administrative au-dessus de la tête. Alors que franchement, on contrôle tous nos clients. C’est… » Fort de café.
Toute la sottise du pass nazitaire en deux ou tris épisodes!