La nouvelle députée de la neuvième circonscription de la Moselle a un parcours personnel, professionnel et politique pour le moins atypique. Les trajectoires rectilignes, ce n’est pas son truc. Portrait.
Isabelle Rauch est un chat. Avant de devenir parlementaire, elle a eu neuf vies. « Certains font des plans de carrière ou imaginent des trajectoires de vie », dit-elle. « Moi j’ai toujours vécu au jour le jour. Et c’est aussi ce qui m’a forgée politiquement. »
1. L’étudiante
Fille de militaire, Isabelle Rauch a passé son enfance dans les Ardennes et en Alsace. « J’aimais beaucoup l’école, se souvient-elle. Mais j’ai subi une grande frustration au moment des choix d’orientation. Je voulais absolument devenir ingénieur-architecte. J’étais passionnée par la construction des viaducs. Mais on m’a fait comprendre que le bac technique, ce n’était pas pour les filles. Encore aujourd’hui, je me dis parfois que je suis passée à côté du métier qui était fait pour moi… »
2. La commerciale
Isabelle Rauch devient finalement commerciale. « J’ai fait pas mal de choses, sourit-elle. J’ai d’abord été visiteuse médicale. J’allais chez les médecins pour leur présenter un médicament. J’ai aussi fait de la prospection téléphonique. J’ai surtout bossé pendant trois ans pour un grand groupe d’agro-alimentaire en tant que responsable de secteur. J’avais en charge toute la distribution des produits dans les environs de Thionville. »
3. La maman
Isabelle Rauch a quatre enfants : Capucine, Balthazar, Hyppolite et Héloïse. « J’ai toujours travaillé jusqu’à la naissance de mon quatrième enfant, raconte-t-elle. À ce moment-là, j’ai mis ma carrière entre parenthèses pour quelques années en prenant un congé parental. Et je ne l’ai jamais regretté. »
4. La communicante
Retour au travail en 2004. Elle passe un DESS de marketing avant d’être recrutée par la communauté de communes de l’Arc mosellan pour s’occuper de la communication de la politique touristique, pour accompagner le lancement du Moulin de Buding.
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5. La coach
En 2014, elle décide de donner un nouvel élan à sa carrière professionnelle en s’inscrivant à l’école de coaching de l’ICN Business school. Diplômée, elle monte sa boîte de coaching et de consulting. « En fait, je fais surtout de la formation dans le domaine de la gestion de la relation clients, indique-t-elle. J’ai adoré le fait de créer mon entreprise, de chercher des clients. Ça m’a apporté quelque chose de nouveau. »
6. La militante
En parallèle à sa vie professionnelle, Isabelle Rauch s’engage en politique en 1997. « Ma fille aînée avait neuf mois. Je me revois encore prendre cette décision alors qu’elle était dans mes bras, en me disant « il faut que je fasse quelque chose pour elle ». » Elle rejoint le parti socialiste. « En fait, j’ai rejoint le parti de Lionel Jospin, nuance-t-elle. J’adhérais à sa façon de faire de la politique, la sobriété, l’efficacité. J’appréciais beaucoup l’homme. » Pourtant, plus jeune, elle ne votait pas spécialement à gauche. « J’ai toujours été centriste, affirme-t-elle. J’ai voté Barre en 88 ! »
Très vite, Isabelle Rauch se prend au jeu. En 2001, elle est élue conseillère municipale d’opposition. Sept ans plus tard, elle est investie par le parti aux cantonales, dans un canton ingagnable pour la gauche. « Elle a frappé à toutes les portes du canton, se souvient un observateur. Elle a abattu un travail incroyable. » Elle raconte : « Les gens étaient surpris de me voir gagner. Mais moi je savais que j’allais l’emporter. »
7. L’adjointe
La même année, élue sur la liste de Bertrand Mertz aux municipales, elle devient adjointe au maire de Thionville en charge des affaires scolaires. « Une très grande fierté, lâche-t-elle. Nous avons généralisé le périscolaire et créé le Théâtre buissonnier. Durant cette campagne, en frappant aux portes de Thionville, j’ai réalisé que les parents d’élèves n’avaient pas oublié mon action. »
8. La vice-présidente
En 2015, elle quitte le PS pour rejoindre l’UDI. « En réalité, j’ai surtout rejoint la majorité départementale de Patrick Weiten, corrige-t-elle. Cela correspondait à mon positionnement centriste. » Élue conseillère départementale du canton de Metzervisse, elle accède même à la vice-présidence du conseil départemental. Mais à l’UDI, elle n’a jamais été particulièrement à l’aise. Jusqu’à la rupture : « Le soutien à la candidature de François Fillon a été la goutte d’eau ».
9. La marcheuse
Isabelle Rauch rejoint officiellement le Mouvement en Marche au lendemain de la présidentielle. « En réalité, je suis avec Emmanuel Macron depuis le mois de septembre », révèle-t-elle. En coulisses, elle manœuvre avec une grande habileté pour obtenir l’investiture du parti, appréhendant parfaitement les jeux d’influence régissant ce jeune mouvement. Elle esquisse un sourire : « Disons que je crois savoir faire de la politique. »
Isabelle Rauch est un chat : elle retombe toujours sur ses pattes.