Pas de coup de théâtre mais un délicieux et très attendu dénouement : le Nest jouira bien d’un nouveau théâtre à l’horizon 2027. Portée à parts égales par la Ville de Thionville, la Région et l’État, la nouvelle infrastructure prévoit un investissement de 12 millions d’euros… et plus si contrariétés.
« Je m’en souviens encore. Jean-Jacques Aillagon (alors ministre de la Culture) me l’avait proposé. J’ai immédiatement dit oui », se souvient Jackie Helfgott, qui a joué un rôle central dans la longue histoire du Nest. En 2004, l’actuel maire-adjoint délégué à la culture et au tourisme n’avait pas laissé passer cette affaire. Récupérer le prestigieux théâtre en bois construit par l’Odéon. Une structure finalement détournée de son but premier, à savoir proposer un théâtre itinérant.
2004
À Thionville, l’éphémère s’est enraciné dans le quartier des Basses-Terres. Le théâtre en bois s’est fait un nom, une place particulière dans le cœur des Thionvillois. Mieux, sous l’impulsion de ses directions successives, il est sorti de son caractère élitiste : « Le passage comme directeur de Jean Boillot a permis de ramener un théâtre plus éclectique, salue l’élu. Le passage de témoin à Alexandra (Tobelaim) a perpétué cette tendance. Elle aime le théâtre classique mais aussi le théâtre de rue, populaire. »
Un esprit nouveau qui cohabite, ces dernières années, avec un écrin vieillissant, en fin de vie : « Construire un nouveau théâtre constituait notre priorité. Et le projet est aujourd’hui acté. »
4+4+4 = 12 M€
Un temps envisagée sur la rive droite de Moselle, cette nouvelle infrastructure ne bougera finalement pas de son emplacement : « Rester dans ce quartier en plein développement, constitué de 1 500 logements, est appréciable en matière de proximité avec les Thionvillois », se réjouit Arthur Lassaigne, secrétaire général du Nest.
La Ville de Thionville, la Région et l’État financeront, à parts égales, le nouveau théâtre à hauteur de 12 millions d’euros : « Je dois avouer que je vais tout faire pour que l’État mette un peu plus, ambitionne Jackie Helfgott. Il n’est pas question de diminuer notre contribution mais cette rallonge nous permettrait d’étoffer les équipements. »
Et aussi d’anticiper un inéluctable surcoût : « Vu le contexte actuel, marqué par les augmentations des coûts du matériel, on peut tabler sur un dépassement assuré du budget », reconnaît, sans langue de bois, l’adjoint municipal.
350 places
« Cette question a fait l’objet de nombreuses discussions » : Jackie Helfgo évoque, ici, la jauge de la future salle de spectacle. À Paris, le ministère poussait pour une configuration très (trop ?) ambitieuse de 450 places. La Ville plaidait de son côté pour 350 sièges. Elle a obtenu gain de cause : « Cette centaine de places supplémentaires aurait été trop coûteuse pour nos finances », justifie l’adjoint de Pierre Cuny.
« Ce ratio correspond bien aux pièces qui tournent dans la grande région », complète Arthur Lassaigne.
Une interrogation planait sur le positionnement de la salle de spectacle. C’est finalement vers une scène classique, dirigée en face des spectateurs et non central avec un public autour qui a été retenue.
Le projet prévoit également une salle de création, ainsi qu’un espace multifonctionnel en capacité d’accueillir une centaine de personnes.
2027
Le calendrier prévoit une première période de six à huit mois dévolue à la sélection du maître d’œuvre. L’architecte retenu disposera alors d’un délai de 2 ans pour élaborer son projet. Les travaux débuteront dans la foulée pour une livraison du théâtre à l’horizon 2027.
Avant de baisser le rideau, une interrogation demeure sur le devenir du théâtre en bois : « J’imagine qu’il faudra se résoudre à le détruire », déplore Jackie Helfgott. Un épilogue dramatique. Très théâtral, en somme