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Thionville : des boutiques éphémères pour lutter contre la peur du vide


Marie Thuillier, la directrice de la Cour des Capucins, à Thionville, mise sur les boutiques éphémères pour attirer les curieux dans son centre commercial. (photo Pierre Heckler)

Au départ réservés aux métropoles et aux grandes marques, les magasins éphémères commencent à gagner les villes moyennes sous de nouvelles formes. La Cour des Capucins, à Thionville, vient de tester le concept en louant une cellule à un brocanteur.

Installé au centre commercial des Capucins de Thionville depuis la mi-août, le brocanteur « Ô temps jadis » vient de baisser le rideau. Une victime de plus de la crise du commerce de centre-ville ? Pas du tout. Il s’agissait en fait d’une boutique éphémère. « Le brocanteur bénéficiait d’une convention de mise à disposition de la cellule commerciale de deux semaines, plus précisément 15 jours dont trois samedis, indique Marie Thuillier, la directrice du centre commercial des Capucins. Et il est tellement content qu’il souhaite déjà revenir. »

C’est la première fois que le centre commercial accueille une boutique éphémère. Un choix de la directrice, laquelle a décidé de faire d’un handicap un point fort : « Avoir une cellule vide, dans un centre commercial comme le nôtre, c’est toujours négatif en termes d’image. Cette cellule, j’ai donc décidé de l’utiliser pour animer le centre commercial. Elle accueille des expositions, des événements et donc des boutiques éphémères, comme ce fut le cas avec « Ô temps jadis ». »

Nés aux États-Unis dans les années 2000, les « Pop up stores » ont d’abord été importés en Europe par des grandes marques souhaitant créer des événements commerciaux dans les métropoles : Londres, Paris, Barcelone… Aujourd’hui, ils arrivent dans les villes moyennes sous différentes formes. « Un magasin éphémère, c’est parfait pour un commerçant qui souhaite tester un concept ou un produit, note Marie Thuillier. C’est aussi idéal pour quelqu’un qui a un stock limité de produits à écouler ou qui vend un produit saisonnier. Je crois beaucoup en ce concept. »

Une relation de confiance entre le bailleur et le commerçant

En évitant de signer un bail longue durée, le commerçant qui lance une boutique éphémère limite les risques. « Avec ce concept, je dirais que c’est le bailleur qui assume la plus grande part du risque, note Marie Thuillier. Les conventions de mise à disposition sont beaucoup moins sécurisantes pour le bailleur, notamment concernant l’éventuelle dégradation du local. Il y a aussi la possibilité de faire signer un bail dérogatoire, mais c’est beaucoup plus lourd. Le succès réside dans la relation de confiance entre le bailleur et le preneur. »

L’expérience de la boutique « Ô temps jadis » commence à faire parler. « Depuis, j’ai reçu plusieurs demandes de commerçants souhaitant créer un magasin éphémère », révèle Marie Thuillier. Mais certains seront recalés. « On se doit de sélectionner les projets au cas par cas, dit-elle. Il n’y a pas de place, par exemple, pour les commerces susceptibles de dégrader l’image de marque du centre. Ni pour ceux qui constitueraient une concurrence frontale pour les boutiques permanentes. » Car même si ces boutiques éphémères peuvent contribuer à l’attractivité d’un centre commercial, elles pèsent bien peu dans son bilan financier. « Il est clair que le bailleur ne gagne pas beaucoup d’argent sur ces transactions, admet Marie Thuillier. Si demain une enseigne vient nous voir pour louer cette cellule de façon durable, nous signons immédiatement ! »

Anthony Villeneuve (Le Républicain lorrain)