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Thionville : compteurs trafiqués, un garagiste jugé


Les clients se sont vite aperçus de la manœuvre frauduleuse au gré des pannes répétées. (illustration RL)

Un entrepreneur de Thionville est poursuivi devant la justice pour avoir escroqué et trompé sa clientèle en vendant des voitures d’occasion dont le kilométrage au compteur était trafiqué.

Le client a payé sa voiture d’occasion 3 100 euros. Il a fait le déplacement depuis Tours pour venir chercher la voiture vendue dans un petit garage à Thionville. À son retour, plusieurs défauts sont mis au jour par un nouveau contrôle technique. Le rapport d’expert estime que les réparations s’élèvent à 2 500 euros. La poisse coïncide avec un coup de fil du commissariat de Thionville, environ trois mois après l’achat. « Le policier m’a dit que ma voiture avait été trafiquée. »

Le cas n’est pas isolé. Une cinquantaine de plaintes ont été déposées. L’enquête de police démarre en février 2013. Elle vise un auto-entrepreneur installé à Thionville. Administrativement, il n’est pas dans les clous. Commercialement non plus. L’homme achète puis revend des véhicules d’occasion. Et entre-temps, les voitures passent par un garage allemand qui se charge de baisser le kilométrage. D’après les investigations, certains compteurs truqués affichaient 30 000 km de moins que la réalité. Et cela serait même passé inaperçu aux yeux des centres techniques consultés avant la vente.

Du sursis requis

Lundi, le client floué de Tours est revenu à Thionville. Cinq ans après le début de l’enquête, l’affaire est enfin jugée devant le tribunal correctionnel. Le « garagiste » qui lui a vendu sa voiture est poursuivi pour escroquerie et tromperie (selon le code pénal et celui de la consommation). Une vingtaine de victimes se portent parties civiles. Elles dénoncent les manœuvres frauduleuses et réclament des dommages et intérêts.

L’acheteur de Tours n’a jamais joui de son auto. Il n’a pas accepté de faire les travaux de réparation nécessaires à la remise en état. Le véhicule est resté immobilisé depuis son achat. Le propriétaire demande son remboursement intégral ainsi que 5 000 euros pour le préjudice moral subi. Une requête parmi tant d’autres…

À la barre, le trentenaire mis en cause encaisse. Il reconnaît. « Il a voulu se battre, créer son entreprise. Il a dû faire face à des difficultés et malheureusement pour lui il s’est fourvoyé », plaide son avocate. Le prévenu bosnien, père de famille, a cessé son activité. Il était inconnu des autorités et de la justice. La vice-procureur de Thionville requiert neuf mois de prison avec sursis à son encontre. Une peine soumise à une obligation de travailler et d’indemniser les victimes. Le tribunal rendra sa décision le 23 avril.

Frédérique Thisse (Le Républicain Lorrain)