Jonathan Bour réclame une carte mobilité inclusion, mention stationnement. À ses yeux, son handicap justifie la délivrance de ce document qui le soulagerait au quotidien. Une position que ne partage pas, pour l’instant, la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH).
Star des réseaux sociaux, pilote de moto émérite, Jonathan Bour est un habitué des colonnes du Républicain Lorrain. Amputé d’un bras à la suite d’un accident de la circulation au Luxembourg le 17 juin 2021 , cet habitant de Garche a négocié ce tournant tragique de son histoire à sa façon. Sans se laisser abattre, sans laisser le fatalisme troubler ses aspirations. Sa philosophie peut se résumer ainsi : Jonathan ne se refuse rien et, dans le même temps, refuse (presque) toute forme d’aide.
Les médecins pronostiquaient la fin de son idylle avec les deux-roues ? Le rescapé brille actuellement sur les circuits du championnat de France PMR Cup Moto. Il souhaite d’ailleurs faire tomber le mur invisible qui le sépare des pilotes valides : « Je veux concourir comme tout le monde, avec tout le monde, et je ne lâcherai pas la Fédération française de moto sur ce point ». Son cercle amical l’invitait à faire une croix sur sa carrière professionnelle ? À défaut de percevoir une confortable allocation handicap, il a préféré reprendre son poste de… conducteur d’engins au sein de la société luxembourgeoise Félix Giorgetti : « Avec l’envie, on peut tout faire », scande-t-il.
Les motivations du refus
« Est-ce que le fait que l’on me voie beaucoup en vidéo a joué en ma défaveur ? Je ne sais pas. Toujours est-il que la seule aide que j’ai réclamée m’a été refusée… » Jonathan fait allusion à l’obtention d’une carte mobilité inclusion, mention stationnement. Une simple formalité à ses yeux.
La Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) lui a opposé une fin de non-recevoir dans un courrier en date du 13 juin dernier. Le refus est motivé en ces termes : « Votre handicap n’entraîne pas systématiquement une réduction importante et durable de votre capacité et de votre autonomie de déplacement à pied ou ne vous impose pas d’être accompagné par une tierce personne ou de recourir à certaines aides techniques lors de tous vos déplacements à l’extérieur ». Cette lecture de son handicap lui apparaît réductrice et contradictoire avec la reconnaissance, « à 100 % », de son Affection longue durée (ALD) par l’Assurance Maladie. « On me reconnaît également le statut de travailleur handicapé et on m’a proposé une reconversion. Mais de cela, je n’en ai pas besoin ! », déplore-t-il.
Pour justifier l’utilité de cette carte de stationnement, il se réfère notamment à un incontournable du quotidien, qui l’épuise : « Les courses au supermarché. Avec un bras, et même lorsque je m’équipe de ma prothèse , ce n’est pas simple de saisir les produits. Décharger les courses dans un véhicule stationnant sur une place réservée aux handicapés me soulagerait. Ces places sont plus larges et donc plus adaptées à mes mouvements ». Il poursuit, remonté : « On ne peut pas dire que je suis un adepte des passe-droits. La MDPH ne sait pas faire la différence entre une aide, un soutien et de l’assistanat ! ».
Bien décidé à faire valoir ce qu’il juge être son bon droit, Jonathan a fait appel de cette décision. Dans ses démarches, il peut compter sur le soutien d’une bénévole d’une association aidante. Cette dernière entend dévoiler le vrai visage de l’intéressé devant les membres de la commission d’attribution : « Il faut faire la différence entre l’image renvoyée par Jonathan, notamment sur les réseaux sociaux, et ce qu’il vit vraiment. Pour connaître sa situation réelle, il a fallu que je m’isole, que je le regarde dans le fond des yeux. Et non, il ne vit pas normalement, mais il ne va pas le crier sur tous les toits ».
Contactée, la MDPH n’a pas souhaité s’exprimer sur le fond du dossier : « Les informations concernant le dossier de M. Bour sont confidentielles ».