Un Hayangeois avait cassé une bouteille de vin sur la tête de sa compagne, parce qu’elle n’aimait pas sa musique.
Norbert Heilig, 43 ans, trapu, cheveux courts, est jugé pour des violences ayant entraîné une mutilation. En mars dernier, à Hayange, il a saisi une bouteille de vin et a frappé sa compagne si fort que le verre s’est brisé et a tailladé un globe oculaire. Les médecins ont prescrit 21 jours d’ITT et diagnostiqué une infirmité permanente sous la forme d’une cécité de l’œil.
Huit mois après les faits, l’homme reconnaît tout. Il se défend à peine et répond systématiquement « oui » aux questions du président. Mais la personnalité de Norbert Heilig est complexe. Ses coups sont d’une brutalité rare. Et encore, il a frappé du bras gauche car le droit était sous atèle.
Ce soir-là, il y a eu beaucoup d’alcool. Les analyses de sang ont révélé un taux de 2,74 g/l. Les différentes cures et hospitalisation n’ont rien changé pour le prévenu qui a commencé à boire à 8 ans. Douzième d’une famille de quinze enfants, son père est décédé quand il avait 10 ans. Avec sa mère, il a mendié pour manger. Un expert note « des antécédents chargés d’alcoolisme chronique et de tendances à la violence ». Il s’est marié, a eu des enfants, un travail. Mais il a tout perdu en raison de son alcoolisme. Il n’a jamais réussi à rester sobre plus de six mois.
« Tout est parti d’une musique un peu forte et le ton est monté », rappelle le président. Les coups sont tombés. La victime évoquera des coups de poing sur le thorax et au visage, « un bon coup au visage… et puis le trou noir ». Les policiers l’ont retrouvée baignant dans son sang. « Je lui ai mis une baffe parce qu’elle m’insultait », raconte Heilig. « Nous n’avons pas bu que du vin… Je suis parti en colère car quand j’ai mis la musique ça ne lui plaisait pas. J’ai pris une bouteille et j’ai frappé au niveau de la tête, dans le visage ».
Au juge, qui essaye de comprendre son fonctionnement, il explique : « Je suis malade des nerfs, quand je n’arrive plus à me maîtriser les coups partent tout seul. » Récidiviste, il l’admet d’ailleurs : « Je suis dangereux pour moi-même et la personne en face de moi, j’ai vraiment besoin de me faire soigner. » Il réclame sa peine mais la partie civile trouve ces explications simplistes. Elle évoque un « déferlement de violences inouï ». Selon elle : « La volonté de se soigner n’existe pas. Cette violence est délibérée, elle est criminelle. Il faut mettre un coup d’arrêt. » Le procureur est de cet avis : « La prochaine fois vous allez tuer quelqu’un ! » Justement, la défense estime que son client « fait face à ses responsabilités » et la peine doit permettre une prise en charge rapide. « Pour quelqu’un qui boit depuis ses 8 ans, le casier judiciaire n’est pas si lourd que ça. Vous n’avez pas à faire à un fou furieux. » L’obligation de soin est prononcée. Mais ce sera après avoir purgé une peine de cinq ans de prison dont un an avec sursis.
Olivier Simon (Le Républicain lorrain)