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Thiago, volé à ses grands-parents à Hagondange


Catherine et Jean, 65 et 83 ans, avec Me Marc Hellenbrand, bâtonnier. Ils n'ont quasiment plus de nouvelles de Thiago, leur petit-fils de 11 ans. (photo RL / Philippe Neu)

Un père a fui la France pour le Pérou avec son fils de 11 ans et refuse de le ramener à ses grands-parents, qui vivent à Hagondange et qui en ont la garde. Ceux-ci attendent, avec inquiétude, que les décisions judiciaires soient exécutées.

À leur âge, ils imaginaient autre chose. L’éducation de jeunes enfants, les devoirs, les sorties pédagogiques, les activités le mercredi… Catherine et Jean, 65 et 83 ans, avaient tourné la page depuis belle lurette. Lorsque ces deux retraités se sont mariés en 2005, ils aspiraient à « de belles sorties, de bons restaurants… À une vie d’anciens en bonne santé, quoi », sourit l’ingénieur.

Mais la vie et ses difficultés les ont rattrapés. Aujourd’hui, ils s’occupent des deux filles du fils de Catherine, âgées de 8 et 10 ans. Et se démènent pour « sauver » Thiago, leur frère. Qui s’est volatilisé à l’automne dernier avec son père. Celui-ci se cache au Pérou. Il ne ramène pas l’enfant en France. Malgré les décisions judiciaires françaises qui ont donné l’autorité parentale aux grands-parents. Le couple, installé à Hagondange, s’est lancé dans une épreuve « difficile et douloureuse ».

Parce que tous les deux n’ont pas pu rester indifférents à la vie « agitée » du père et au devenir de ses enfants. L’adulte n’est jamais parvenu « à se fondre dans la société, dit sa mère. À cela s’est ajouté un problème d’addiction. » À la drogue, notamment. Alors, il est longtemps parti loin de la France. Au Brésil. Au Pérou, où il s’est marié avec celle qui lui a donné ses enfants.

« On a toujours été d’un grand soutien financier. Il n’a jamais travaillé. Ou très peu. » En 2010, la famille revient en France. « Mais c’était compliqué pour eux. Rapidement, les parents écrivent des courriers pour demander que leurs enfants soient confiés aux grands-parents », intervient le bâtonnier Marc Hellenbrand, leur avocat. Cela se fait en dehors de la loi. Mais déjà, Catherine et Jean s’imprègnent du rôle. Ils prennent de plus en plus de place dans la vie de la fratrie.

Fin 2013, la famille quitte la France. Elle passe par le Maroc, avant de rejoindre le Pérou. Six mois plus tard, les enfants sont renvoyés à Hagondange, auprès des grands-parents. « Les parents étaient incapables de s’en occuper. » Catherine et Jean lancent les démarches pour « que cela se fasse dans un cadre juridique, indique l’octogénaire. Il fallait faire ça dans les règles. » Les petits retrouvent leurs copains et camarades de classe.

Il utilise son fils pour obtenir de l’argent

Déprimé, séparé de son épouse, le père des enfants revient à Hagondange à l’été 2014. « On lui loue un appartement à côté de chez nous. Afin qu’il soit avec ses enfants. On essaye de lui remettre le pied à l’étrier. »

Mais un soir d’octobre, il ne répond pas au téléphone. « C’était l’heure de dîner, Thiago se trouvait avec lui , raconte la mamie. C’était étrange de ne pas avoir de nouvelles. On s’est rendus à l’appartement : il était vide… Il avait emmené Thiago. »

Le père a organisé discrètement sa fuite au Pérou. D’où il appelle de temps en temps sa mère pour lui réclamer de l’argent. « Jamais pour demander des nouvelles de ses filles , soupire Catherine. Heureusement que les enfants vivent le temps présent, sans trop se poser de questions. Elles ne se rendent pas trop compte de ce qui se passe, je crois. Je crains que leur papa voie Thiago comme un levier pour obtenir de l’argent. La dernière fois, il nous a appelés pour nous signaler que Thiago avait été accidenté et qu’il fallait de l’argent pour l’opération. On pense que c’est faux, mais comment refuser… Nous sommes continuellement tiraillés. »

Et forcément très inquiets du sort d’un petit bonhomme de 11 ans déscolarisé. Séparé de ses sœurs. De sa mère. De ses grands-parents.

« On l’a eu deux fois au téléphone ces dernières semaines. Il paraissait triste. Très renfermé. On ignore où il vit et dans quelles conditions… »

Kevin Grethen (Le Républicain lorrain)