Plusieurs zones d’activité administrées par Thionville-Portes de France connaissent un regain d’intérêt, notamment grâce à des entreprises luxembourgeoises.
Kickelsberg… Pour le suiveur de la gazette intercommunale, ce nom difficilement prononçable deviendrait presque familier. Ces derniers mois, les conseils de l’agglomération Portes de France entérinent, les uns après les autres, des ventes de parcelles destinées à des implantations.
Un engouement nouveau pour cette ZAC localisée à Basse-Ham qui tranche avec l’immobilisme observé ces dernières années : «En sortie de confinements, on a observé un réel manque de terrains en zones artisanales. Pour tout dire, je n’ai jamais reçu autant d’appels qu’à cette époque de sortie de crise sanitaire», confie Claire Talbot, de la Sodevam, l’aménageur de la ZAC.
Fait nouveau : la directrice de projets voit affluer de nombreux prospects originaires du Luxembourg. Une tendance qui s’expliquerait par la proximité de la zone d’activité avec le Grand-Duché, sa bonne desserte autoroutière, mais aussi, et surtout, sa politique tarifaire attractive.
Pour rappel, le mètre carré à Basse-Ham atteint les 35 euros là où de l’autre côté de la frontière, «ce doit être au minimum trois fois plus cher.» Neuf hectares sont ici encore à commercialiser.
Acté en conseil communautaire en avril dernier, un centre de logistique de la société DH Lighting Europe s’implantera au cours de l’année 2022. Le développement à Basse-Ham du troisième fabricant mondial d’ampoules pour l’industrie automobile, domicilié au Luxembourg, correspond à ce processus de relocalisations sur le territoire nord-mosellan décrit par Claire Talbot.
Un autre projet a, lui aussi, déjà reçu l’assentiment des élus de Portes de France. Mêlant pôles sportif et industriel, il prévoit notamment de rapatrier sur la ZAC une activité luxembourgeoise de fabrication de compléments alimentaires. Montant de l’investissement : 4 millions d’euros avec à la clé la création d’une vingtaine d’emplois.
Ce n’est pas tout : le prochain conseil d’agglo devrait se prononcer sur la cession d’une nouvelle parcelle au profit du spécialiste de l’électricité Team Tech Luxembourg. «Une entreprise française, domiciliée à Yutz, se porte également acquéreur de deux autres surfaces», dévoile sans trop en dire la directrice de projets.
Enfin, la Sodevam envisagerait la création d’un village artisanal, composé de douze cellules d’une surface de 200 m2, «pour apporter de la mixité à la zone».
L’empreinte grand-ducale
Non loin, la ZAC Meilbourg de 45 hectares est en bonne santé. «Cette zone est en pleine ébullition», s’enthousiasme la voix communicante de la Sodevam. Véritable vitrine de l’agglomération Portes de France, l’Espace Meilbourg jouit d’un positionnement idéal sur l’A31.
Sa vocation commerciale s’exprime à travers le village Décathlon, concept né en 2016 qui fait cohabiter ce géant de la vente d’articles de sport avec d’autres acteurs de la filière sportive (par exemple, la salle de sport Freeness). La dimension tertiaire de cette ZAC s’incarne, elle, dans l’immeuble dénommé «Meilbourg One» et plus connu sous le nom de S-Hub.
Cette bâtisse moderne, dédiée au coworking, est également fréquentée par des sociétés ayant un pied au… Luxembourg. Dernière venue en date : Reflex RH, spécialiste de l’intérim au Grand-Duché.
La ZAC amorce un tournant de son histoire en se repositionnant sur la filière santé. Retardé par la crise sanitaire, le déménagement sur site de la clinique Ambroise-Paré est revenu sur le devant de la scène.
Programmé en 2024, il accélère l’émergence d’un écosystème dédié au médical et au paramédical. Un pôle santé, orienté chirurgie de la main, est ainsi acté : «L’agrément d’un troisième médecin est en cours», précise Claire Talbot. Notons encore que les travaux de la future clinique vétérinaire Alvétia sont imminents.
En marge de cette diversification, la Sodevam poursuit son programme d’urbanisation le long de l’A31. Après le «Meibourg One», le «Meilbourg Two» entre dans sa phase de commercialisation : «À terme, nous visons un programme de six bâtiments à vocation tertiaire.»
L’aménageur de la zone cherche également toujours à dynamiser la partie centrale de la ZAC. Une préférence sera donnée à une activité de loisirs «pour jeunes publics». Enfin, deux sollicitations ont déjà été refusées pour la parcelle de 3 000 m2 située en entrée de zone.
L’agglo la réserverait à une offre de restauration, «mais les élus ne veulent pas d’un énième fast-food ni d’une enseigne susceptible de concurrencer les restaurateurs du centre-ville de Thionville», relaye Claire Talbot.
Avis aux intéressés, porteurs d’un concept nouveau : c’est 120 euros le m2. Vu du Luxembourg, une bouchée de pain…
Jean-Michel Cavalli (Le Républicain Lorrain)