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Tensions autour des gens du voyage à Audun-le-Tiche


(Illustration : RL)

La construction d’une aire des gens du voyage n’a jamais été aussi pressante dans le Pays-Haut, alors que les caravanes affluent sur le site de Micheville. Se sentant en insécurité, deux associations ont suspendu leurs activités.

Les premières caravanes se sont installées il y a quelques jours, le long de la route qui mène au siège de l’Etablissement public d’aménagement (EPA) Alzette-Belval actuellement en réhabilitation, sur le site de Micheville, à Audun-le-Tiche. Depuis, plus d’une cinquantaine les ont rejointes, et les vagues d’arrivées se poursuivent. Une situation pas exceptionnelle, mais qui prend cette fois une tout autre ampleur. Car la question de l’insécurité est venue assombrir le tableau.

«Ils ont tapé sur la voiture»

Deux associations qui ont leurs locaux au bout de cette route, Chor’a corps (cours de danse) et Férus d’Art (cours de peinture), ont suspendu leurs activités. Mardi après-midi, le responsable de l’une d’entre elles, ainsi qu’une élève, auraient été pris à partie par des individus de la communauté : « Ils ont tapé sur la voiture, et ont insulté mon élève » , raconte-t-il. D’autres relèvent les problèmes de stationnement des véhicules, à cheval sur le trottoir, quand ils ne sont pas carrément sur la route. Sur les réseaux sociaux aussi, la tension est palpable.

La sous-préfecture a été avertie et la gendarmerie est intervenue hier matin, accompagnée d’un huissier, pour constater l’occupation illégale du terrain. Mais il y a très peu de chance que les caravanes quittent les lieux avant le 1er mars, date du début des travaux du futur parc de l’Alzette. Car la communauté de communes du Pays Haut Val d’Alzette (CCPHVA) n’est pas dans les clous au niveau de la loi.

Le territoire ne dispose pas d’une aire d’accueil. Une expulsion n’est donc, de fait, pas automatique. De quoi légitimement se demander : à quand la construction d’une aire ?

Le projet est dans les cartons depuis de nombreuses années à Villerupt et à Audun-le-Tiche. Mais à chaque fois, c’est l’emplacement qui a posé problème. À ce jour, aucune solution n’a été jugée pérenne : les deux zones qui avaient été envisagées il y a quelques années se sont heurtées à l’opposition des élus de Thil et d’Aumetz.

Création d’une aire : objectif 2019

Depuis le 1er janvier, la CCPHVA a repris la compétence. C’est désormais à elle qu’incombe le financement et la réalisation d’une, voire deux aires. Une solution préconisée par son président, André Parthenay.

Un comité, constitué des deux vice-présidents à l’habitat et à l’urbanisme, a été chargé de localiser des terrains susceptibles de les accueillir. Alain Casoni, le maire de Villerupt, a déjà proposé la mise à disposition d’un terrain pour l’euro symbolique, dont les aménagements nécessiteraient un surcoût de 200 000 €. Du côté d’Audun-le-Tiche, les recherches se poursuivent.

« Je suis certain que l’on pourra dégager des surfaces suffisantes, de l’ordre de 0,5 ha. Il s’agit d’un service public, et s’il le faut, on ouvrira une zone agricole » , explique André Parthenay. Ce dernier souhaite aussi que la dimension humaine soit prise en compte dans le choix de la zone d’accueil. « Je ne veux pas que les gens du voyage se sentent mis à l’écart. Ce sont des hommes, des femmes, des enfants. »

Le président de la CCPHVA s’est donné un an pour localiser une aire, et une autre année pour sa construction. Dans deux ans, les travaux d’aménagement de l’EPA sur le site de Micheville auront bien avancé. La communauté des gens du voyage devra s’installer ailleurs. Et tant qu’aucune aire ne pourra les accueillir, il y a de grandes chances pour que leur présence continue à cristalliser toutes les attentions.

Damien Golini (Le Républicain Lorrain)

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