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Tensions à la Villa Bigas d’Hayange : « Le propriétaire est devenu méconnaissable ! »


La Villa Bigas a longtemps été le siège de la communauté d’agglomération. En 2016, elle a été vendue à un particulier qui l’a transformée en immeuble d’habitations. (Photo : Armand Flohr)

Départs en cascade, agressions, plaintes, impayés, défiance… La Ville Bigas, connue pour être l’ancien siège de la communauté d’agglomération, est en pleine tempête. Depuis un an, le courant ne passe plus entre le propriétaire, l’agence immobilière et une majorité de locataires. Leurs rapports tournent au dialogue de sourds.

Il désigne le thermomètre posé sur le rebord de la fenêtre. « 9,6 °C, et 74 % d’humidité. Vous trouvez ça normal ? » Dans le couloir de cet appartement en rez-de-chaussée, l’ambiance est plutôt glaciale. Du papier bulle calfeutre les fenêtres. Sur leur châssis, des coulures témoignent de traces de condensation. « On s’en est plaint auprès de l’agence. Ils nous ont dit de mettre des couvercles sur les casseroles et d’ouvrir les fenêtres », témoigne Karl*.

« Je pouvais passer mes doigts dans le mur ! »

Le jeune homme a emménagé il y a quelques mois. Séduit par les prestations haut de gamme du logement sis 1, rue de Wendel, il ne s’attendait pas à pareille déconvenue. La bâtisse, classée, est réputée : il s’agit de la Villa Bigas, ancien siège de la communauté d’agglomération du Val de Fensch, cédée à un investisseur en 2016 pour 200 000 €. Comme d’autres locataires, Karl décrit un environnement qui contraste avec la promesse du bailleur : taches de moisissures au plafond , volet cassé, absence de hotte aspirante… « Les travaux n’ont jamais été faits… »

Des propos corroborés par Françoise*, une ancienne locataire. Cette dernière a quitté son appartement en août 2024. « C’était une passoire thermique », dit-elle. Elle en veut pour preuve les 800 € de chauffage en hiver. Tout comme Bertrand* : « Je pouvais passer mes doigts entre la fenêtre et le mur ! », se souvient-il. Lui est parti en octobre dernier. Plus de trois mois après avoir quitté son logement, il n’a pas récupéré sa caution : « On m’impute une partie des frais d’entretien des espaces extérieurs, réalisés par le frère du propriétaire, pour 2 400 € par an. Mais il n’y a pas de numéro de Siret sur cette facture ! Elle n’a aucune valeur juridique. »

Il n’est pas le seul à douter de la transparence des décomptes de charges. Françoise se souvient de la régularisation de sa consommation d’eau , reçue lors de son départ. « La facture, qui provenait de Veolia, ne mentionnait pas la bonne adresse. D’ailleurs, Veolia m’a indiqué qu’ils n’avaient pas de compteur chez nous… ! »

Bataille judiciaire

Les rapports entre locataires et propriétaires ont pourtant longtemps été cordiaux. « Au début, le feeling est bien passé avec le propriétaire », rapporte Bertrand. « Lorsque la gestion locative a été déléguée à l’actuelle agence immobilière, il est devenu méconnaissable », complète Françoise.

Depuis plusieurs semaines, cette dernière livre une bataille judiciaire à cette fameuse agence. Elle conteste la somme de 1 700 € réclamés au titre des régularisations de charges, d’impayés et de remise en peinture de l’appartement à la suite de son départ. Des frais selon elle excessifs : « Son but, c’était de repeindre l’appartement sur mon dos ! Le logement était correct à mon départ. C’était de l’usure normale… »

Locataire filmée à son insu

Murielle* confirme : « En cinq ans, nous n’avons jamais eu de décompte de charges. » Une gestion des données opaque qu’elle attribue à de la « malhonnêteté. »

L’été dernier, les tensions ont atteint leur paroxysme. Ulcéré par la présence irrégulière du camping-car de l’ami de Murielle sur le parking de l’immeuble, le propriétaire de la Villa Bigas a vu rouge : « Il a rayé le véhicule, crevé ses pneus, brisé les rétroviseurs… À 23 h 15, il a frappé à ma porte. Lorsque j’ai ouvert, en pyjama, son frère me filmait. Il était visiblement alcoolisé. J’étais choquée et je suis toujours traumatisée. » Trois plaintes ont été déposées après cet épisode. Murielle a fini par partir, elle aussi, en janvier.

« Si je témoigne, c’est parce que je veux que les gens sachent ce qu’il se passe ici », souffle Karl. Ces six derniers mois, cinq locataires ont quitté l’immeuble, sur les huit logements qu’il compte au total.

*Les prénoms ont été modifiés

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