Homicide ou accident ? À Trèves, le chemin qui sépare le parking du campus, où a eu lieu la fête étudiante à l’issue de laquelle Tanja Gräff a été aperçue pour la dernière fois ce 7 juin 2007, et la falaise, d’où l’étudiante de 21 ans a chuté, est vallonné et situé à plus d’un kilomètre du site de la Haute école. Il est également sécurisé. Savoir comment et pourquoi Tanja Gräff a emprunté ce chemin en fin de soirée constitue une des questions-clés de ce dossier.
Les opérations de recherche au pied de la falaise où la dépouille de Tanja Gräff a été retrouvée, lundi matin, se sont poursuivies tout au long de la journée de mardi. Il en a été de même sur le plateau situé au-dessus de la zone où le squelette a été découvert. Un petit chemin pédestre existe en effet à cet endroit et attire chaque jour de nombreux promeneurs.
Cela a aussi été le cas mardi après-midi. Sur leur chemin, les randonneurs ont cependant été priés de rebrousser chemin par les enquêteurs de police. À hauteur de l’endroit d’où Tanja Gräff aurait chuté, des grimpeurs spécialisés étaient occupés à se préparer pour examiner une nouvelle fois la falaise, qui est très raide à cet endroit. En contrebas se trouve la résidence où la dépouille a été retrouvée lundi matin. Le plateau est sécurisé par des balustrades d’une hauteur de 1,20 mètre. Une partie a été refaite il y a quelques années. Là où Tanja Gräff aurait chuté, la balustrade est plus ancienne mais aussi plus solide. Un grillage est en effet associé à des barres métalliques.
Un sentier sécurisé par des balustrades
Il est possible de contourner ces balustrades. Cela est cependant difficilement imaginable lorsqu’on a trop bu, une des thèses qui pourraient expliquer un tragique accident. Que s’est-il donc passé sur ce chemin pédestre? Tanja Gräff a-t-elle été poussée? A-t-elle chuté? Et était-elle encore en vie au moment de sa chute? Mardi, le parquet et les enquêteurs n’ont pas encore voulu se prononcer.
Renseignements pris, le chemin pédestre est parfois choisi par des jeunes à la recherche d’intimité. « Mais c’est plutôt rare. Je n’ai pas vraiment d’explication pour expliquer comment Tanja Gräff a pu chuter depuis cet endroit. Il est vrai que j’ai déjà croisé des étudiants en soirée dans cette forêt, mais je le répète : c’est plutôt rare », indique ainsi un ouvrier forestier de la ville de Trèves, croisé mardi sur les lieux.
Il est vrai que le chemin qui relie le campus de la Haute école et ces sentiers est assez vallonné. Il faut passer plusieurs virages, des escaliers pour trouver le bon chemin et il faut bien s’y connaître pour trouver le sentier, qui, selon toute vraisemblance, a été fatal à Tanja Gräff.
Le 7 juin 2007, une grande fête étudiante avait été organisée sur l’ancien parking de plusieurs étages, situé en face du bâtiment principal de la Haute école. Aujourd’hui, un nouveau parking a été construit sur la même place. Le chemin pour accéder au bois reste toutefois le même. Il faut descendre vers un autre parking, tourner deux fois à droite avant de retourner à gauche et tomber sur le restaurant Weisshaus, situé sur les hauteurs de Trèves. Ici, il faut à nouveau partir sur la gauche et ce n’est qu’après plusieurs centaines de mètres qu’on arrive à l’endroit de la chute probable de Tanja Gräff. Sur ce parcours, il existe de nombreux ravins, bien moins sécurisés que la partie identifiée par les enquêteurs.
Des pistes d’enquête à relancer
Il est donc fort improbable que Tanja Gräff ait été seule dans les derniers moments de sa vie. Cela est d’autant plus improbable qu’elle a été aperçue en compagnie d’un garçon en quittant la fête étudiante. Ce jeune homme n’a toujours pas pu être retrouvé. Lors des premières semaines d’enquête, un avis de recherche concernant une Peugeot bleue, immatriculée au Luxembourg, avait d’ailleurs été lancé. Également sans succès. « Toutes ces pistes seront désormais à reconsidérer. Pour ma part, les amis de longue date de Tanja sont innocents. Cette nouvelle connaissance reste cependant suspecte », note M e Detlef Böhm, l’avocat de la mère de Tanja Gräff.
Les enquêteurs ont conscience qu’une importante charge de travail les attend encore. Une nouvelle commission d’enquête spéciale a d’ailleurs été mise en place dès lundi. Les habitants, actuels et anciens, de la résidence située près de l’endroit où a été retrouvée la dépouille seront ainsi à passer au crible. « Ils affirment tous ne rien avoir vu, entendu ou même senti », ont indiqué les enquêteurs, mardi.
Autre piste : le cri entendu par un habitant de l’autre rive de la Moselle. « Tous ces éléments seront à nouveau analysés », souligne l’enquêteur en chef Christian Soulier. Le défi est de taille mais devra être relevé pour enfin lever les derniers doutes dans cette affaire mystérieuse.
À Trèves, David Marques
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