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Tanja Gräff était encore en vie lorsqu’elle a chuté


La jeune fille n'aurait pas été blessée avant de chuter du haut de la falaise. Est-elle tombée seule ou l'a-t-on poussée ? (photos David Marques et DR)

D’après l’expertise du médecin légiste, qui a été présentée hier matin, les ossements de la jeune fille ne révèlent «aucune trace d’arme».

L’énigme Tanja Gräff est loin d’être résolue (notre chronologie ici). «On peut considérer comme certain qu’il y a eu une chute et que Tanja Gräff a subi des blessures mortelles lors de la chute», a résumé, hier, le procureur de Trèves, Peter Fritzen.

Mais il reste encore beaucoup de points à clarifier. Quand, comment et pourquoi Tanja Gräff a-t-elle atteint l’endroit d’où elle a chuté ? Comment et pourquoi est-elle passée au-dessus de la balustrade qui sécurise le sentier panoramique en haut des falaises rouges ? Comment et pourquoi a-t-elle chuté ?… «Toutes ces questions font l’objet des enquêtes qui sont encore en cours», a rappelé Peter Fritzen.

La conférence de presse organisée, hier, par la police et le parquet de Trèves au Rathaus et qui a duré plus d’une heure et demie, n’était pas là pour émettre des hypothèses ou prendre position concernant différentes pistes, mais pour présenter des résultats.

Elle a percuté plusieurs fois la paroi rocheuse

Retour donc sur les analyses du médecin légiste. «Les ossements de la jeune fille ne décèlent aucune trace d’arme. Nous avons donc aucun indice d’une intervention d’une tierce personne», a exposé le Pr Reinhard Urban qui dirige l’institut de médecine légale à Mayence et qui était en charge de l’analyse des ossements de l’étudiante Tanja Gräff.

Toujours d’après le médecin légiste, les principales blessures de la victime se situent au niveau de la colonne vertébrale : cette dernière a été sectionnée en deux. Par contre, au niveau du crâne, aucune blessure n’a pu être détectée. De même, la blessure au poignet gauche est le résultat de la chute. «Elle peut être interprétée comme une réaction de Tanja qui, consciente, aurait essayé d’amortir la chute.»

Depuis la découverte des ossements, les enquêteurs pensent avoir identifié l’endroit d’où Tanja Gräff a pu chuter. «Vraisemblablement le corps de Tanja Gräff a percuté à plusieurs reprises la paroi rocheuse avant de rester sur un chêne sur une avancée (26 mètres de chute)», conclut le médecin légiste. C’est seulement quelques semaines ou mois plus tard que le squelette aurait chuté jusqu’en bas (encore 14 mètres) où il a finalement été découvert début mai. Un scénario qui a été vérifié à l’aide de mannequins et scènes de reconstitution pendant les dernières semaines.

La conférence de presse est également revenue sur différents objets retrouvés à proximité des ossements de Tanja Gräff et qui ont subi une analyse scientifique. La montre endommagée n’a pas permis de déterminer l’heure de la mort de la jeune fille. Son arrêt peut en effet également être dû à la défaillance de la pile. Le décryptage du portable est toujours en cours. Quant aux bouteilles de liqueur et à l’ampoule – toutes retrouvées vides – elles ont été vérifiées pour voir si elles avaient contenu des médicaments ou d’autres substances que de l’alcool. «Le test s’est avéré négatif», a indiqué le procureur Dr Eric Samuel. L’enquête ne relève aucun indice en ce qui concerne la piste du suicide.

Enfin, le procureur a présenté les résultats du test entrepris en pleine nuit censé vérifier s’il était possible d’entendre un cri venant des falaises rouges depuis l’autre rive de la Moselle. Pour rappel, un témoin avait affirmé avoir entendu le matin du 7 juin une femme crier. Le parquet a livré la réponse hier : «Le résultat est sans équivoque. Cela n’est pas possible.»

Pour le procureur de Trèves, Peter Fritzen, la chute peut être due à un «accident ou une intervention d’un tiers. Selon l’état actuel de l’enquête, rien n’est exclu.» L’enquête poursuit donc son cours. «À la fin, on décidera si on arrive à un résultat ou pas», a conclu hier l’enquêteur en chef. À noter que depuis mai, la police a reçu 65 nouveaux indices.

Fabienne Armborst